INVASION

  • Japon

  • 2017

  • 140 min

  • VOST

  • Tout Public

Pourquoi tout le monde change-t-il soudainement de comportement ? Etsuko est-elle la seule à se rendre compte que son amie, son patron, son mari ne sont plus tout à fait les mêmes ? Peu à peu, elle réalise que les humains sont en train de perdre leurs émotions...

Imaginez un monde où les humains perdraient d’un coup toute notion de ce qu’est la famille, la fierté, le passé ou la peur. C’est l’idée de départ chaotique du film "Invasion" de Kiyoshi Kurosawa, dont le personnage principal, Etusko, est interprétée par l’actrice et mannequin… Kaho. Ça ne s’invente pas !

Le maître du cinéma de genre japonais reprend dans "Invasion" le thème apocalyptique décliné dans "Avant que nous disparaissions”, sorti la même année et adapté de la même pièce de théâtre. Avant d’envahir la terre, les extraterrestres prennent forme humaine pour apprendre à mieux comprendre cette étrange espèce qui est la nôtre. Qu’on leur explique ne leur suffit pas, ces envahisseurs ont besoin de s’approprier ces concepts et émotions pour en saisir toute l’ampleur. Cette idée bien tordue, on adore ! Il n’y a qu’à voir cette jeune femme, privée du concept de famille, terrorisée par cet inconnu qu’elle n’est plus en mesure d’identifier comme son père, pour imaginer le chaos dans lequel sombrerait notre monde si de tels larcins venaient à se multiplier.

Tout à la fois drame intimiste, science-fiction conceptuelle et thriller, "Invasion" fascine par cette ambiance de fin du monde, où l’on s’accroche coûte que coûte à ce qu’il reste d’humanité. Pas de spoil bien sûr, on vous laisse découvrir quel concept aura le dernier mot !

Des cinéastes japonais de sa génération, que l’on regroupe parfois sous le nom d’« école super 8 », Kiyoshi Kurosawa est celui qui a su le mieux s’affranchir des codes du cinéma de genre. Tandis que Hideo Nakata ("Ring", "Dark "Water") reste assimilé à la J-Horror et Shin’ya Tsukamoto ("Tetsuo", "Bullet Ballet") au cyberpunk, le natif de Kobe a construit en une vingtaine d’années une œuvre libre et foisonnante, s’imposant comme un auteur qui compte sur la scène internationale. Sans doute parce que, chez lui, le fantastique, le thriller, la science-fiction sont toujours détournés de leur fonction première (faire peur, divertir), vidés de leurs effets commerciaux (la frénésie laisse place à la contemplation), utilisés comme prétextes pour éclairer les drames humains et sociaux. Il a d’ailleurs prouvé qu’il pouvait s’en passer : ses meilleurs films sont ceux qui s’approchent le plus du cinéma traditionnel, réaliste, comme "Tokyo Sonata" (2009) et "Au bout du monde".