J'AI TUÉ MA MÈRE

  • Canada
  • 2009
  • 96 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Romance
  • Synopsis
Hubert Minel n'aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà de ces irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation amour-haine qui l'obsède de plus en plus, Hubert vague dans les arcanes d'une adolescence à la fois marginale et typique -découvertes artistiques, expériences illicites, ouverture à l'amitié, sexe et ostracisme- rongé par la hargne qu'il éprouve à l'égard d'une femme qu'il aimait pourtant jadis.
  • Derrière la caméra
Vers ses 16-17 ans, impatient de se réaliser, Xavier Dolan parvient à contacter Anne Dorval, dont il est fan depuis ses rôles déments dans la série Le cœur a ses raisons. Il lui confie alors une ébauche encore inaboutie de scénario, conçue à partir d’une nouvelle au titre cruel, Le Matricide, qu’il a écrite pendant un moment d’ennui en cours de français, au collège Maisonneuve de Montréal. Anne Dorval confie : « Ce que j’ai appris de lui, c’est qu’il ne faut pas attendre pour faire ce dont on a envie. Il a toujours eu cette façon très frontale d’aller frapper à la porte de personnes influentes. » 

L’actrice lui demande alors de retravailler le scénario de ce qui allait devenir J’ai tué ma mère avant d’accepter le rôle d’un personnage s’inspirant de la propre mère de Dolan, fonctionnaire dans l’éducation, mais aussi des voisines de son quartier d’enfance, qui se battaient pour élever seules leurs enfants. « Son amour des femmes, parfois vieillissantes, c’est quelque chose qui ne s’est pas atténué avec les années », se réjouit Anne Dorval.

Dans cette première fiction tourmentée, Dolan se confie intimement : son coming out, la frustration d’être envoyé en pensionnat… Lâché par ses producteurs, il persévère en finançant lui-même le film avec les économies amassées en jouant dans des publicités. Quelques mois plus tard, “J’ai tué ma mère” est sélectionné à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs. Les festivaliers sont stupéfaits par l’explosion de vitalité du film, et par l’âge de son réalisateur – il a seulement 20 ans. 

Directeur général de mk2 (qui édite TROISCOULEURS) et futur coproducteur de Laurence Anyways, Mommy et Matthias et Maxime, Nathanaël Karmitz se remémore la fougue déconcertante de Dolan : « J’avais vu J’ai tué ma mère » , ça avait été un vrai petit phénomène cannois. Alors qu’on travaillait avec la productrice canadienne Lyse Lafontaine sur un autre film, elle m’a dit qu’il y avait dans la salle de montage à côté un petit gars qui faisait des choses très prometteuses. « Tu veux bien regarder ?” Un soir, j’ai donc reçu le lien des Amours imaginaires. J’ai vu un film brillant mais en même temps très agaçant. Il y avait beaucoup trop d’effets de style. J’ai fait un retour, mais je ne le sentais qu’à moitié. Sauf que, vingt-quatre heures après, il m’a envoyé le film avec toutes les corrections prises en compte. »


Quentin Grosset, TROISCOULEURS