Un casting réunissant Mick Jagger, le fantasque Dali payé 100 000 $ de l’heure et Orson Welles demandant son chef cuistot parisien attitré en plus de sa bouteille de scotch, une BO monstre signée Pink Floyd, des décors insensés, un réalisateur perché…
On se dit que le tournage du "Dune" version Alejandro Jodorowsky était voué à virer au chaos. Loin de les rassurer, le script et le story-board ultra détaillés du film ont fait fuir les studios hollywoodiens. Pas question de mettre autant d’argent dans un projet fou porté par un réalisateur aussi imprévisible. Difficile de ne pas être happé par le récit de cette aventure cinématographique hors du commun racontée dans ce documentaire sorti en 2013, ponctuée par les envolées lyrico-mystiques d’un Jodorowsky toujours aussi amoureux de son projet (et de lui-même…).
"Ce n'est pas parce que vous ne pouvez pas regarder le 'Dune' d'Alejandro qu'il n'a pas changé le monde", écrivait en janvier Frank Pavich, le réalisateur de ce documentaire, dans une tribune du "New York Times" interrogeant la capacité des algorithmes d'intelligence artificielle à créer de tels univers visuels. C'est peut-être une bonne chose que le marasme d'un tournage démesuré ait été évité. Ce projet avorté, sans doute trop ambitieux, a continué d'exister à travers le story-board qui a circulé de studio en studio, inspirant avec d'autant plus de force les créateurs en tous genres. L’esthétique de certaines scènes de "Blade Runner", "Indiana Jones", "Prometheus", "Terminator" ou "Star Wars", laissent peu de doutes quant à l'influence du projet jodorowskien.
Tristan Brossat