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SEASON OF THE WITCH

Joan Mitchel habite un pavillon bourgeois de la banlieue de Pittsburgh. Elle étouffe dans sa vie de femme au foyer. Les cauchemars qui la hantent chaque nuit sont-ils le produit de sa frustration ou auraient-ils à voir avec un pouvoir de sorcière latent chez elle ?
Dans son troisième long métrage, Season of the Witch (1973), le cinéaste américain George  A. Romero revisite le genre du folk horror pour dresser un portrait peu reluisant d’une société américaine rongée par le patriarcat. Joan Mitchell, femme au foyer d’une quarantaine d’années, est hantée par des cauchemars de plus en plus violents. Ces projections nocturnes insupportables de sa condition malheureuse de femme au foyer vont peu à peu la pousser vers des pratiques occultes…

Si, selon son réalisateur, Season of the Witch n’est “pas vraiment” un film d’horreur, ces rêves tourmentés apportent au film une dose d’épouvante, entre home invasion (annonciateur des premiers slashers des années 1970), gros plans déformés sur d’inquiétants visages et prises de vues tremblantes à l’esthétique found footage - technique popularisée bien plus tard par le film Le Projet Blair Witch, en 1999. 

Dans la maison familiale, grande et déserte, les volets sont fermés, les rideaux sont tirés, plongeant les lieux dans une obscurité oppressante. Ces plans dessinent les murs de la prison dans laquelle l’épouse est destinée à passer le reste de ses jours. Malgré les absences répétées du mari, l’influence masculine reste omniprésente, symbolisée par cette statuette de taureau qui semble surveiller sa captive. Romero n’hésite pas à s’attarder longuement sur l’atonie du quotidien de Joan, filmant la vacuité des discussions de son entourage bourgeois. 

La sorcellerie apparaît alors comme le seul moyen de reprendre le contrôle de sa vie. En rencontrant d’autres femmes sorcières désireuses de s’extraire de leurs conditions, Joan découvre la sororité. En écho aux mouvements féministes des années 1960 et 1970 - notamment a W.I.T.C.H. (Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell, la “Conspiration féministe internationale de l’enfer”) formée en 1968 - le film se double d’une critique sociale acerbe subtilement ancrée dans son époque.

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Hugues Porquier, mk2 Curiosity
Né en 1940 aux Etats-Unis, George A. Romero commence à tourner dès ses 14 ans. Après plusieurs courts métrages et publicités, il décide de réaliser son premier long, “La nuit des morts-vivants” (1968), qui deviendra très vite un film culte . Suivront “Zombie” (1978) , “Le Jour des morts-vivants” (1985), “Le Territoire des morts” (2005), “Chronique des morts-vivants” (2008), ou encore “Le Vestige des morts-vivants” (2009). D’où son surnom de “Roi des zombies”.