Remarqué en 2011 avec son premier long métrage, “Robert Mitchum est mort”, Olivier Babinet enchaîne avec ce documentaire plein d’audace et d’énergie pop sur des collégiens en Seine-Saint-Denis. À quoi rêvent les adolescents des cités françaises aujourd’hui ? Quelles sont leurs visions du monde actuel ? du futur ?
Plutôt que d’égrener des généralités sociologiques sur fond de faits divers sordides (façon chaîne d’info en continu), Olivier Babinet préfère sonder les particularités, les aspérités, les imaginaires. Bref, les personnalités. Soit onze collégiens d’Aulnay-sous-Bois hauts en couleur qui se confient devant la caméra dans un vivifiant portrait choral. À la timidité maladive d’Aïssatou (qui se déride peu à peu, en douceur) répond l’exubérance de Régis. Le « swag » de ce dernier, selon l’expression consacrée par la jeunesse des années 2010 pour désigner un look outrancier ou une attitude stylée, irradie tout le film.
Le secret ? Sortir des carcans. Comme Paul, élève renfermé qui décide un jour de s’affirmer en venant au collège en costard, “Swagger” déborde les limites du documentaire pour s’aventurer sur des territoires de fiction. Comédie musicale et science-fiction s’incrustent ainsi dans la grisaille des HLM, tandis que la mise en scène multiplie zooms, ralentis et plans aériens en drone. Autant d’effets clipesques qui, jamais superficiels, dessinent au contraire de riches et poignants intérieurs.