Aux origines du film : un fait divers. Les jumelles Massoumeh et Zahra ont vécu pendant douze ans recluses dans la demeure familiale, leur père refusant de les laisser sortir « pour les protéger ». Cette histoire vraie captive aussitôt la jeune Samira Makhmalbaf, 17 ans, qui décide de faire un film sur la première sortie des jeunes fille,s et leur apprentissage du monde. Découverte un an plus tard à Cannes, Samira Makhmalbaf reste à ce jour la plus jeune cinéaste sélectionnée en compétition au Festival.
La possibilité d'une émancipation par la beauté
Impossible de ne pas penser à Abbas Kiarostami, compatriote de Samira Makhmalbaf, dans cet art attentif de filmer l’âge tendre, de dédier l’action d’un plan uniquement à leurs récréations, devenues de véritables acrobaties – une simple pomme accrochée au bout d’un fil devenant un leit-motiv esthétique. À cette poésie prosaïque, qui puise son terreau dans un rythme lent, Samira Makhmalbaf juxtapose un constat politique plus amer.
Il s’agit d’aménager, à travers le regard de ces jeunes filles, et de cette déambulation dans les ruelles de la ville, la possibilité d’une émancipation par la beauté. Car le personnage du père, suivant aveuglément les préceptes religieux tout en croyant bien faire, est bien le symbole d’une société iranienne archaïque, qui nie le droit des femmes, et que la réalisatrice leur rend ici, en faisant de ses héroïnes des petites exploratrices débrouillardes [...]
De son style ciselé, à l’os, Annie Ernaux retraçait sa liaison brûlante avec un homme marié dans "Passion simple", paru en 1992. Au fil de son œuvre, la grande écrivaine a travaillé de son écriture méthodique, dénuée d’effusions, des souvenirs intimes, pour en faire surgir une vertigineuse dimension sociologique. "Passion simple" vient d’être transposé à l’écran par Danielle Arbid dans un film à la fois sobre, fiévreux et viscéral. On a saisi l’occasion pour interroger l’écrivaine de 80 ans, blottie dans sa maison à Cergy-Pontoise, sur son rapport au cinéma et à l’époque.
"L’Amour à la mer" (1964) sonde l’abîme qui sépare deux amants, un marin au sourire triste qui vient finir son service militaire à Brest et une secrétaire prise dans l’agitation et les fantasmes de Paris. Rêverie calme sur une relation qui s’étiole dans la distance, cette première œuvre de Guy Gilles ("Absences répétées", "Le Clair de terre") est à découvrir de toute urgence.
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