APARTMENT #5C

  • Drame
  • Synopsis
Nicky et Uri, deux jeunes Israéliens, débarquent à New York et vivent de petits larcins. De galère en galère, ils quittent Manhattan et s’installent à Brooklyn, dans un appartement très modeste. Un soir, lors d’une dispute avec Uri, Nicky se tire accidentellement une balle dans la jambe.
  • Pour aller plus loin :
Après quelques collaborations pour Arte, le mordu de cinéma indépendant américain Raphaël Nadjari, se lance dans le grand bain new-yorkais en 1997. En seulement cinq ans, et alors qu’il ne parle presque pas anglais, le Franco-israélien réalise un court et trois longs métrages. Deux d’entre eux passeront par le Festival de Cannes : The Shade (1999) dans la section Un Certain regard, et Apartment #5C (2002), à la Quinzaine des réalisateurs. 

Dans Apartment #5C, Nicky et Uri, deux immigrés israéliens clandestins, logent dans des hôtels et survivent grâce à des petits braquages de supérettes. Ils finissent par trouver refuge dans un immeuble fauché de Brooklyn. Entre violence et misère sociale, les déambulations des deux amoureux dressent un portrait peu flatteur du New York des années 2000. 

Grâce à des gros plans frénétiques filmés caméra au poing, Nadjari plonge ses personnages au cœur du rythme effréné de cette ville grouillante. Que ce soit ces plans d’ensemble sur la fuite du jeune couple dans les rues bondées, ou ces plans serrés sur leur visages dans le taxi qui les éloigne du braquage qu’ils viennent de commettre, le film a sans doute dû inspirer les frères (juifs et new-yorkais) Benny et Joshua Safdie, pour leur survitaminé Goodtime (2017).

Le cinéaste a pour habitude de tourner sans scénario, simplement à partir d’un court séquencier. Cette approche peu commune couplée à une caméra au poing qui n’enferme jamais ses personnages dans le cadre, laisse place à une grande spontanéité. Ce dispositif confère aux personnages un caractère d’authenticité, et des airs presque documentaires à cette séquence de réunion des habitants de l’immeuble où réside le couple. 

Les trois longs métrages new-yorkais de Nadjari forment une sorte de trilogie. Au-delà de la ville de New York, ces films partagent plusieurs motifs récurrents : la violence et la présence de personnages juifs plongés dans des situations souvent précaires ou illégales. On retrouve également l’acteur Richard Edson, vu dans Stranger than paradise (1984) de Jim Jarmusch ou Do the Right Thing (1989) de Spike Lee, dont le charisme naturel et le talent pour l’improvisation donnent le tempo. 
_

Hugues Porquier, mk2 Curiosity