AU COEUR DU MENSONGE

  • France
  • 1999
  • 113 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Policier
  • Synopsis
Des enfants découvrent dans un port de Bretagne le corps d’Eloïse, dix ans. Elle a été étranglée. La première personne interrogée par la jeune commissaire Frédérique Lesage est René, professeur de dessin, dernière personne à avoir vu Eloïse. René et sa femme, Viviane, infirmière à domicile, sont bien acceptés dans le village, mais ce ne sont pas des natifs. Germain-Roland Desmot, écrivain à succès surmédiatisé, est la star du pays. Viviane se laisse charmer. La rumeur à propos de René s’amplifie quand une seconde mort violente finit de tétaniser la ville.
  • Notre avis
Le corps d’une fillette est retrouvé sur une plage, déclenchant une enquête orchestrée d’une main inexpérimentée par la nouvelle commissaire de Saint-Malo, jouée par Valeria Bruni-Tedeschi. Mais cette intrigue criminelle n’est traitée qu’en second plan, Chabrol préférant observer comment cet événement tragique vient chambouler le quotidien de cette petite ville où tout le monde se connaît - et où tout le monde ment.

A commencer par le couple Sterne. Le mari, René (joué par Jacques Gamblin) est vite désigné comme le principal suspect - professeur de dessin, il est apparemment le dernier à avoir vue la victime vivante – tandis que son épouse Vivianne (Sandrine Bonnaire) se laisse ouvertement draguer par Germain-Roland Desmot (Antoine de Caunes), écrivain-star caricature d’un certain milieu parisien…

À travers l’exploration des lieux de la petite ville bretonne - le bar du quartier, l’école primaire, la salle de spectacle, le commissariat - Chabrol fait naître chez le spectateur un sentiment de grande familiarité, et donc de réel. La couverture médiatique de l’enquête criminelle dans le journal régional rythme le film et ancre définitivement le récit dans la vraie vie. La télévision - dont Chabrol était un grand consommateur - devient un dispositif à part entière qui tend à nourrir la vraisemblance de l’histoire. 

Mais on ne serait pas dans un film de Chabrol sans la part de mystère et de flottement incessant, qui brouillent constamment la frontière entre vérité, mensonges et faux-semblants. Une impression d’étrangeté renforcée par la brume qui cerne les personnages, et provoque un sentiment diffus d’inquiétude. Ce style si particulier rend cette intrigue policière particulièrement envoûtante. 


Hugues Porquier, journaliste, mk2 Curiosity


BONUS