CLÉO DE 5 À 7

  • France
  • 1962
  • 90 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Comédie
  • Recommandé par Kristoffer Borgli
  • Synopsis
Cléo, belle et chanteuse, attend les résultats d’une analyse médicale. De la superstition à la peur, de la rue de Rivoli au Café de Dôme, de la coquetterie à l’angoisse, de chez elle au Parc Montsouris, Cléo fait des rencontres qui lui ouvrent les yeux sur le monde. Alors qu’elle ne rencontre que l’indifférence en cherchant du soutien dans son entourage, c’est auprès d’un inconnu qu’elle trouve finalement du réconfort.
  • Notre avis
Chef-d'œuvre intemporel et deuxième long métrage de la géniale Agnès Varda, Cléo de 5 à 7 est un film original à bien des égards. En seulement 1h30, il développe toute une grammaire propre aux films de la Nouvelle Vague. Tout est là, déambulations dans les fourmillantes rues parisiennes, mise en scène de personnages jeunes et engagement politique. Tout ce qui peut contraster avec l’immobilisme imposé par l’industrie cinématographique de l’époque. 

Le sujet est inédit. On suit une femme, Cléo, jeune chanteuse très en vogue, qui est dans l’attente de ses résultats d’examens médicaux. Elle redoute d’être atteinte d’un cancer. 
Le traitement de la narration est remarquable, avec la mise en place d’une contrainte temporelle féconde. Le récit se déroule de 5 à 7 heures de l'après-midi, ce qui permet de souligner les moments d’angoisses et d’incertitudes que traverse la jeune Cléo. 
Au long de ces deux heures, Varda nous immerge profondément dans le psyché de Cléo, de son assistante et de la foule parisienne. 

Le récit nous embarque en plein cœur des rues de la capitale dans les années 1960. De la rue de Rivoli au parc Montsouris, en passant par la rue de Vaugirard jusqu’à la place d’Italie, pour finir à l’hôpital de la Salpêtrière. Varda sonde la rive gauche avec une liberté folle. 

À travers la rencontre entre Cléo et Antoine, jeune soldat en permission, la réalisatrice s’inscrit, à l’instar de Jacques Demy avec Les Parapluies de Cherbourg (1964), Jean-Luc Godard avec Le Petit Soldat (1963) ou Guy Gilles avec L’Amour à la mer (1965), dans la liste des cinéastes de la Nouvelle Vague qui intègrent de manière engagée la guerre d’Algérie directement dans leurs récits. Cléo et Antoine sont unis par la mort, l’une redoute une maladie mortelle, l’autre de devoir mourir pour rien comme il le dit si justement avec une grande mélancolie.

Moi c’est plutôt mourir pour rien qui me désole, donner sa vie à la guerre c’est un peu triste. J’aurais mieux aimé la donner à une femme, mourir d’amour”. 

Très loin des personnages nationalistes et héroïques présentés dans les films français de l’époque, Antoine incarne une génération qui n’a plus envie de mourir pour sa patrie. Cette même mort, qui tétanise Cléo et Antoine, est omniprésente durant tout le film. Elle rampe et s'insinue dans la moindre vitrine parisienne, dans chacune des cartes du tarot.

Hugues Porquier, journaliste, mk2 Curiosity
  • Derrière la caméra
De ses déambulations dans un port de Sète à sa rencontre avec une collectionneuse d’ours en peluche, en passant par une visite de la grande mosquée d’Ispahan et une escale dans une communauté hippie, ce cycle parcourt cinquante ans de cinéma vus par Agnès Varda. Grâce à son goût de la rencontre et à sa curiosité jamais assouvie, la réalisatrice nous offre d’inoubliables longs-métrages, mais aussi des courts-métrages parfois méconnus, où l’on retrouve son regard toujours malicieux, empathique et engagé.