CONTE DE CINÉMA

  • Synopsis
On dit de Hong Sang-soo qu’il est le plus rohmérien des coréens. Avec Conte de cinéma, clin d’œil aux Contes des quatre saisons, le cinéaste reprend plusieurs thèmes chers au maître de la nouvelle vague : la rencontre, le hasard, ou encore la difficulté à se délester du poids du doute. Pour cette œuvre à la narration brillante et louvoyante, l’auteur était en compétition officielle à Cannes en 2005.

L’histoire ? Un étudiant suicidaire rencontre une jeune fille qui décide de l'accompagner dans son geste fatal. A la sortie d'une salle de cinéma, Tongsu, cinéaste velléitaire, croise une femme qu'il reconnaît comme étant l'actrice du film qu'il vient de voir. Le fiction et le réel se croisent et s’entremêlent alors…

  • Notre avis
Cinéaste ultra prolifique, Hong Sang-soo tourne avec un budget et des équipes réduits, encore davantage depuis son passage au numérique, à partir de Night and Day (2008). Il est également connu pour sa façon particulière de réaliser. Il tourne à partir d’un scénario riquiqui, voire inexistant, se contentant d’un pressentiment, d’une idée de base générée par le repérage des lieux de tournage. C’est souvent lors des premiers jours d’enregistrement que la structure narrative se dessine finalement. 

Ce procédé singulier permet d’insuffler aux différents personnages cet effet d’impulsion irréfléchie qui les guide souvent vers le hasard. Que ce soit lorsque le jeune réalisateur Sang-won décide précipitamment de descendre de voiture pour répondre à son irrépréssible envie de fumer une cigarette, ou lorsqu’un jeune couple planifie un suicide amoureux dans un hôtel après une simple panne sexuelle, les protagonistes brillent par leur banalité, y compris dans le tragique : les amants n’arrivent pas à mettre fin à leurs jours et retournent chez eux, bredouilles. 

Alors que la narration repose déjà sur une mise en abîme astucieuse - dans la première partie du film, on assiste à un court métrage auquel les personnages de la deuxième partie assistent également dans une salle de cinéma - le cinéaste va plus loin encore, en brisant le quatrième mur. Non pas à travers le regard caméra d’un acteur, mais avec des zooms avants punchy, qui isolent un personnage lors d’une séquence de dialogue. C’est la toute première fois dans un film d’Hong Sang-soo que le zoom est mis à contribution. Cette utilisation rappelle régulièrement la présence de la caméra, et plonge le spectateur dans un trouble extradiégétique fabuleux.

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Hugues Porquier, mk2 Curiosity
  • Derrière la caméra
Un des plus importants représentants du renouveau du cinéma coréen. Hong Sang-soo propose, avec un désespoir teinté de burlesque, une radiographie précise des relations amoureuses. À ce réalisme s’ajoute, paradoxalement, un jeu subtil et complexe sur la narration.