Cette adaptation par le cinéaste italien Augusto Genina de la pièce de théâtre française mythique d’Edmond Rostand demeure l'un des meilleurs Cyrano de Bergerac jamais tourné. Le réalisateur Jean-Paul Rappeneau avouera d'ailleurs s’en être inspiré pour sa version sortie en 1990.
La couleur, pleine de charme, a demandé d’incroyables efforts : il a fallu trois ans pour coloriser l’image au pochoir après le tournage du film en noir et blanc, en 1922. La musique est également somptueuse.
Les meilleurs alexandrins sont gardés sous forme d’intertitres. Les acteurs les jouent avec une belle expressivité théâtrale, mais jamais excessive. Pierre Magnier, notamment, incarne d’autant mieux Cyrano qu’il l’avait déjà joué au théâtre de la Porte Saint-Martin en 1919. Dans ce même théâtre, en 1887, la première de la pièce connut un succès inégalé, avec pas moins de quarante rappels.
Aujourd’hui encore, on partage l’engouement du public de l’époque face à cette somptueuse histoire d’amour, d’éloquence, de capes et d’épées.
Genina ne fait pas les choses à moitié : il déploie une foule de figurants, recrée des champs de bataille époustouflants de réalisme. Grâce à des costumes particulièrement travaillés, l’authenticité historique du film est telle qu’on le croirait réellement filmé au XVIIème siècle.
Cyrano de Bergerac, l’une des plus belles pièces du répertoire, passe avec une virtuosité bluffante du comique au tragique, de l’action à la rêverie romantique. Parmi toutes les adaptations de ce chef-d’œuvre, celle de Genina est la première sous forme de long-métrage, et l’une des plus originales.
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Agathe Wippler, mk2 Curiosity