Révélée par ses courts métrages Milk (présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 1998) et Wasp (Oscar du meilleur court en prises de vues réelles en 2004), la Britannique Andrea Arnold reprend dans Fish Tank le thème de la famille recomposée qu’elle avait déjà développé dans Wasp. Elle se concentre cette fois exclusivement sur le point de vue de l’enfant, dans un récit tragique et bouleversant.
Arnold dresse un double portrait. Celui de Mia, une adolescente survoltée qui cherche à tout prix à fuir sa réalité grâce à la danse hip-hop, et celui des banlieues anglaises défavorisées. La réalisatrice filme un territoire grisâtre peuplé de violence physique et verbale, dans lequel l’enfance se heurte brutalement à l’impitoyable monde des adultes.
Pour autant, la cinéaste anglaise ne tombe pas dans le misérabilisme. Malgré son jeune âge, Mia est consciente de sa condition sociale, point de départ pour tenter de s’en extraire. On pense au cinéma des frères Dardennes, à la fois dans le scénario et la mise en scène. La caméra suit les déplacements frénétiques de l’héroïne dans un environnement hostile où le repos n’est jamais permis.
La question de la privation de liberté est centrale, symbolisée ici par un cheval enchaîné, là par un hamster encagé. Mia est quant à elle piégée par ces éoliennes que l’on aperçoit au loin, ces poteaux électriques tentaculaires, et ces autoroutes sans fin qui semblent dresser une frontière entre la banlieue et le réel.
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Hugues Porquier, mk2 Curiosity