Exilé à New York où il fréquente la petite librairie Haitian Corner, Joseph tombe sur son ancien tortionnaire, qui lui a fait vivre l’enfer sur l’île pendant 7 ans dans les prisons des Tontons Macoutes.
Nommée ainsi en référence à l’équivalent du croque-mitaine dans le folklore haïtien, cette milice paramilitaire d’inspiration fasciste mise sur pied par le dictateur François Duvalier a fait régner la terreur à partir de 1958.
Premier long métrage haïtien, cette immersion fascinante dans la communauté créole du vieux Brooklyn nous évoque Les Fantômes, de Jonathan Millet. Le tête à tête rongé par d’atroces souvenirs entre le poète Joseph et son ex-geôlier macoute rappelle ainsi celui entre Hamid et son tortionnaire syrien.
Entre thriller et plongée quasi-documentaire dans un monde inconnu, nourri des longs entretiens du cinéaste avec d’anciens torturés, Haitian Corner est un film majeur, d’une force politique rare.
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Tristan Brossat, mk2 Curiosity