À l’occasion de la journée mondiale du climat du 8 décembre, on vous offre le film choc de Rahul Jain, Invisible Demons, présenté à Cannes en 2021 dans la sélection spéciale “Cinéma pour le Climat”, créée la même année. Disponible nulle part ailleurs, ce documentaire coup de poing alerte avec brio sur les conséquences dramatiques du changement climatique.
Révélé au Festival du film de Sundance en 2016 pour son documentaire Machines, dans lequel il mettait en lumière les conditions de travail déplorables d’une grande usine textile, le cinéaste indien poursuit son exploration des problématiques sociales de son pays. Il se penche cette fois sur les conséquences délétères du réchauffement planétaire, qui impacte sévèrement, depuis plusieurs années déjà, les conditions de vie des habitants. La situation présente, déjà catastrophique, laisse augurer le pire pour les temps à venir.
À l’heure où passer une journée dans les rues de New Delhi équivaut à fumer une trentaine de cigarettes, les conséquences du réchauffement climatique et de la pollution sont désormais au centre de toutes les discussions, dans les médias et les rues indiennes. Au-delà des conséquences délétères pour la planète, la crise climatique est vectrice d’inégalités majeures, de plus en plus prononcées. Seuls les plus riches peuvent s’équiper de purificateurs d’air ou de climatiseurs. Des équipements nécessaires pour espérer survivre à la concentration mortelle de particules fines - responsable de 1,67 million de décès en Inde en 2019 - et aux vagues de chaleur extrême, dont le pic a atteint 49,2 °C en mai 2022.
En novembre dernier, le gouvernement a décidé de fermer les écoles primaires pendant plusieurs jours, afin de limiter l’exposition des plus jeunes à la pollution. Cette mesure s'ajoute à d’autres déjà en place : installation de purificateurs d’air géants dans les rues, arrêt des chantiers, taxi au gaz naturel et électrification massive des transports.
Invisible Demons dresse le constat sans compromis de l’échec du système capitaliste en Inde, et par extension des errements de l’anthropocène, époque géologique qui se caractérise par l'avènement des hommes comme principale force du changement sur Terre. Rahul Jain a justement consacré sa thèse, soutenue à la California Institute of the Arts, à “L’Anthropocène au cinéma”.
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Hugues Porquier - mk2 Curiosity