Dans ce film inoubliable, l’héroïne, jouée Irène Jacob, traîne son vague à l’âme dans les rues de Clermont-Ferrand après la mort de son double polonais, Weronika. Malheureuse et ne sachant pas pourquoi, amoureuse mais ne sachant pas de qui, Véronique est la figure du manque.
Un manque absolu que Krzysztof Kieślowski filme tout aussi frontalement dans Trois couleurs : Bleu (1993), où Juliette Binoche perd sa fille et son mari dans un accident de voiture. Pour ces deux femmes, la vie est un espace fragmenté, lieu de sensations qu’elles ne savent pas appréhender.
Après un passage par la Pologne pour Blanc (1994), film de vengeance dans lequel perte de la morale rime avec perte de l’identité, Kieślowski clôt le cycle en retrouvant Irène Jacob. Rouge (1994), son dernier film, est une œuvre apaisée, une histoire d’amitié filmée comme la plus douce nuance de la couleur de l’amour.
Laura Tuillier, journaliste, TROISCOULEURS