Beuveries, gueulantes, drague lourde… le professeur d’arts plastiques Munho et son ami Hunjoon, cinéaste plus ou moins raté, incarnent a priori “l’homme corréen” dans tout ce qu’il a de plus vilain. Attablés dans un café-restaurant avec vue sur les premières neiges qui tombent sur Séoul, ils tentent maladroitement de séduire la serveuse. Deux petites séquences construites de la même manière mettent en scène leur tentative d’approche, où chacun tente de profiter de son statut social et de sa fonction pour attirer la jeune femme, qui ne s’en laisse pas compter.
“Voudrais-tu jouer dans un de mes films ?”
“Non, vraiment, je ne saurais pas faire. Je vous laisse.”
“J’enseigne la peinture occidentale, ça vous dirait de poser nue ?”
“Non, vraiment, je ne saurais pas faire, je vous laisse.”
L’un ne vaut pas mieux que l’autre et, tout juste éconduit, ils se mettent déjà à fantasmer sur une autre femme qui attend dans la rue. On retrouve dans ces deux plans séquences, qui s’attardent avec ironie sur ces petits riens de la vie quotidienne, toute la force du cinéma de Hong Sang-soo, où chaque détail se savoure.
Ces deux adulescents contrariés se mettent en tête de partir à la recherche de Sunhwa, une jeune fille dont ils étaient tous les deux amoureux quelques années auparavant. A nouveau de l’alcool de riz, et des luttes d’égos entre mâles, qui ne pensent qu’à une chose, assouvir leurs pulsions sexuelles. Et se permettent après l’acte de s’étonner des quelques poils sur les jambes de leur partenaire…
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Tristan Brossat, mk2 Curiosity