Samedi 1er septembre 1984, 5 000 personnes jouent des coudes pour voir le deuxième volet de la saga Indiana Jonesdans la salle de 1 000 places du Palais du Cinéma, qui accueille la 41e édition de la Mostra de Venise. Une édition haute en couleurs et musiques, où sont projetés L'Histoire sans fin, et une version colorisée du Metropolis de Fritz Lang, avec une bande son rock signée Giorgio Moroder.
Une toute autre ambiance nimbe le Palazzo del Cinema pour L'Amour à mort d'Alain Resnais. Également très attendu, le film du réalisateur de Hiroshima mon amour et L'Année dernière à Marienbad est projeté juste avant l'avant-première des aventures indiennes d'Harrison Ford, portée par l'impressionnante BO de John Williams.
Pour son 12e long métrage, Alain Resnais fait une demande bien différente au célèbre compositeur Hans Werner Henze : imaginer une musique qui ne doit pas accompagner la narration, mais exister pour elle-même. Pour mieux la faire vivre, le cinéaste n'hésite pas à interrompre son film en faisant tomber sur un fond noir des particules blanches, semblables à des flocons de neige.
Ces scènes en apesanteur renforcent cette expérience cinématographique si particulière, magnifique et épurée, dont le scénario s’inspire de témoignages d'individus qui ont frôlé la mort. Pour filmer cette histoire d'un homme qui revient à la vie après qu'un médecin a constaté son décès, Resnais fait appel à son quatuor d'acteurs fétiches : Pierre Arditi, Fanny Ardant, Sabine Azéma et André Dussollier, dont le jeu est tout simplement parfait.
Un grand film, porteur d’intenses questionnements métaphysiques, qui prouve que l'amour est plus fort que la mort.
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Tristan Brossat, mk2 Curiosity