LE BON PLAISIR

  • 1984
  • 103 min
  • VF
  • Tout Public
  • Fiction
  • Synopsis
Une femme se fait voler son sac. Événement banal si ce n’est que le sac contenait une lettre de son ex-amant, aujourd’hui Président de la République.
  • Notre avis
Bizarrement, Francis Girod, qui a pourtant été l’assistant de Roger Vadim et Jean-Pierre Mocky avant
de réunir Romy Schneider et Michel Piccoli pour son premier long métrage (Le Trio infernal, en 1974)
ou encore de fouler le tapis rouge avec L’Enfance de l’art, en 1988, est un peu tombé dans l’oubli en
France. La découverte du Bon plaisir, réalisé en 1985 avec un casting de prestige (Catherine
Deneuve, Jean-Louis Trintignant, Michel Serrault et un tout jeune Hippolyte Girardot), donne pourtant
bien envie d’arpenter sa filmographie, traversée par la question des luttes de pouvoir.

Adapté d’un roman de la journaliste et femme politique française Françoise Giroud paru l’année
précédente, Le Bon Plaisir suit l’histoire d’une femme (Deneuve) se faisant voler son sac à main par
une jeune canaille (Girardot). Le sac contient une vieille lettre laissant entendre qu’un enfant serait né
de l’union passée de cette femme avec un homme aujourd’hui président de la République
(Trintignant). Un jeu de chantage se met alors en place.

Si ce pitch évoque forcément l’affaire Mazarine Pingeot, la fille longtemps cachée de François
Mitterrand, Françoise Giroud s’est toujours défendue de s’en être inspiré (le roman a d’ailleurs été
publié dix ans avant la révélation publique de l’identité de Mazarine Pingeot). Quoiqu’il en soit, le récit
décrit à merveille les rouages de ce genre d’affaires, avec la particularité de suivre en parallèle les
maîtres-chanteur et les différentes victimes du chantage – qui s’écharpent d’ailleurs aussi entre elles,
puisque le président met instantanément son ancienne amante sur écoute en apprenant le vol de la
lettre, plutôt que d’essayer de faire face avec elle.

L’idée qui ressort de cette guerre de pouvoir, c’est bien que, au fond, il ne s’agit que de jeux de
séduction : entre le ministre de l’intérieur (Michel Serrault) chargé de faire le tampon entre le
président et l’héroïne ; entre le jeune voleur nonchalant et l’un de ses employeurs qui orchestre le
chantage ; mais aussi, bien sûr, entre le président et son ancienne amante, quand il daigne la
recevoir en personne à l’Élysée.

Le Bon plaisir épingle froidement le statut de ce président de la République qui vit comme un roi dans
son palais fastueux. Capricieux, imbuvable, libidineux (notamment avec la fille d’un ancien camarade
de classe qu’il croise par hasard), il se paye aussi le luxe de mal parler à ses collaborateurs et à son
épouse, qui ne manque pas de se révolter dans une scène mémorable, verbalisant enfin l’oppression
quotidienne qu’elle vit depuis des années. Décontenancé, il réagit mollement : « Je croyais que vous
aimiez cette vie. Vous avez toujours été... parfaite. » Ce à quoi elle rétorque, lapidaire : « Mon pauvre
ami... pour employer votre vocabulaire – une fois n’est pas coutume – : pauvre con. »
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Timé Zoppé, TROISCOULEURS