LE COSTUME DE MARIAGE

  • Iran
  • 1976
  • 60 min
  • VOST
  • Tout Public
  • Drame
  • Comédie
  • Synopsis

Une femme entre chez un tailleur et commande un costume pour son fils. Dans l’ombre du commerce des adultes, d’autres tractations ont lieu… Parmi les jeunes du coin, qui obtiendra du jeune apprenti tailleur le privilège clandestin de porter ce beau costume la nuit précédant sa livraison ?

Réalisé en 1976, Le Costume de mariage est l’un des films les plus accomplis de la première période d’Abbas Kiarostami, l’un de ses films les plus narratifs aussi. Les trois héros sont des adolescents aux tempéraments bien distincts qui, malgré leur jeune âge, ont déjà intégré le monde des adultes et du travail. Leur quotidien se déroule dans une cour intérieure toute en escaliers et en niveaux, pour bien marquer la frontière qui sépare les univers. Aussi compartimentées que l’organisation qui régit l’espace, les différences de classes sociales et de générations sont également omniprésentes. Objet de marchandage entre les adolescents, le costume va venir fissurer cet ordre établi : c’est parce qu’il symbolise l’intégration et la réussite que les trois amis vont se disputer ce vêtement qui leur permettrait d’acquérir une certaine forme de respectabilité (auprès d’un employeur, d’une fille ou d’un magicien vedette). Cette lutte pour le costume fait basculer le film dans le suspense le plus total au cours d’une scène finale que n’aurait pas reniée Alfred Hitchcock.

  • Derrière la caméra

Toujours derrière ses lunettes fumées, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami, disparu en 2016 à Paris à l’âge de 76 ans, cachait bien son jeu avec son air d’ascète : d’une profondeur existentielle rare, son œuvre est aussi incroyablement ludique. De ses premiers films pédagogiques ("Les Couleurs", "Rage de dents") jusqu’à ses photographies animées numériquement ("24 Frames"), en passant par ses anti-road movies entêtants ("Le Goût de la cerise"), l’artiste a expérimenté bien des médiums – cinéma, poésie, photographie, vidéo –, maniant l’art de la surprise et de la bifurcation avec la même malice que les enfants têtus qu’il a toujours aimé filmer.