Après des débuts en tant qu’acteur au Conservatoire national d’art dramatique de Paris, puis au théâtre de l’Odéon, Henri Desfontaines se lance dans la réalisation de films en 1908, avec Hamlet. À l’instar de nombreux cinéastes de son époque (Alice Guy, Abel Gance, Ernst Lubitsch), Desfontaines devient rapidement un réalisateur ultra prolifique : il dirige neuf films durant l’année 1911, et cumule plus de soixante réalisations en vingt ans de carrière.
Au début de la Première Guerre mondiale, Desfontaines est recruté dans la Section cinématographique de l’armée (la SCA) pour réaliser des films de propagande. C’est à cette période que le cinéaste développe l’idée de mélanger, au sein d’un même film, images documentaires et de fiction. Pour mettre en place ce dispositif avant-gardiste, le cinéaste exploite les images tournées au front par la SCA pendant près de trois ans, et réalise La Puissance militaire de la France (1917) - qui est largement diffusé dans l’hexagone et à l’étranger - et Les Enfants de France pendant la guerre (1918).
Dix ans après la fin du conflit, Desfontaines exploite à nouveau ce dispositif hybride génial dans Le Film du poilu (1928), son ultime réalisation avant son décès. Dans cette formidable œuvre commémorative, il met en place une mise en abyme subtile et maîtrisée : des enfants (fictifs) de Montmartre assistent, dans l’atelier d’un peintre du quartier, à la diffusion d’un film composé de vraies images retraçant les événements majeurs de la Première Guerre mondiale.
Contrairement à ses œuvres de propagande passées, dans lesquelles il devait mettre en avant la puissance militaire française, Desfontaines exploite cette fois les images d’archive à des fins éducatives. Avec ce film, l’idée est claire, il faut sensibiliser les nouvelles générations à la terrible réalité de la guerre, avec l’espoir qu’elles ne reproduisent pas les mêmes erreurs.
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Hugues Porquier, mk2 Curiosity
