Un journaliste (Behzad Dorani) et son équipe de documentaristes arrivent de Téhéran pour un court séjour à Siah Dareh, un village du Kurdistan iranien. S’ils font croire aux villageois qu’ils sont à la recherche d’un trésor, ils semblent surtout s’intéresser à une femme quasi centenaire dont la fin approche.
Alors que son agonie perdure, Behzad erre dans ce no man's land, et réapprend à regarder autour de lui. Venu filmer, avec le regard cynique d'un étranger, un rite funéraire dont il ignore tout, cet homme sans état d'âme se laisse soudain traverser par la sensualité du lieu, que Kiarostami filme comme un labyrinthe aux perspectives infinies.
La quête voyeuriste de ces hommes se transforme même en panorama politique - le réalisateur y exhibe l'hypocrisie d'une société patriarcale où le sexe est un "troisième travail" pour les femmes, sous les dehors de moeurs puritaines. A travers un travail journalistique morbide, Abbas Kiarostami conte paradoxalement une histoire de redécouverte de la vie et du temps qui passe, dans ce très beau film qui, en 2003, figurait au programme de l’option cinéma du baccalauréat.