L'ENFER

  • France
  • 1994
  • 102 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Thriller
  • Synopsis

L’enfer, c’est celui de Paul, homme comblé par une femme magnifique et un travail qui lui plaît. Peu à peu, il devient terriblement jaloux et nous entraîne dans sa folie.

  • Notre avis

Quand deux monstres sacrés du cinéma français se rencontrent en enfer, le résultat est dément. “L’Enfer”, c’est d’abord l’histoire d’un film maudit, imaginé par Henri-Georges Clouzot, maître absolu du thriller policier au mitan du siècle dernier (“L'assassin habite au 21”, “Quai des Orfèvres”, “Les Diaboliques”…). En 1964, trois jours après le début du tournage, l’acteur principal Serge Reggiani tombe malade, remplacé à la volée par Jean-Louis Trintignant. Quelques jours plus tard, c’est Clouzot qui est victime d’un infarctus. Le projet est abandonné.

En 1992, les droits de “L’Enfer” sont cédés par Inès Clouzot, seconde épouse du réalisateur, à Marin Karmitz, fondateur de mk2. Un scénario en or pour un autre monstre, Claude Chabrol, observateur aiguisé de la part la plus sombre de la nature humaine. Il fait appel à François Cluzet pour incarner ce mari jaloux sombrant peu à peu dans une folie paranoïaque, tandis qu’Emmanuelle Béart reprend le rôle que Clouzot avait confié à Romy Schneider.

Chabrol n’est pas Clouzot, et privilégie la première mouture du scénario, celle à laquelle son prédécesseur avait renoncé. Moins de visions hallucinées, davantage de réel. La performance ultra-convaincante d’un Cluzet terrifiant renforce la vraisemblance de l’histoire, qui en devient d’autant plus glaçante. Comme Dante, risquez cette descente aux enfers, vous ne regretterez pas le voyage.

Tristan Brossat, rédacteur en chef, mk2 Curiosity

  • Derrière la caméra

En 1985, quand il fait parvenir le scénario de “Poulet au vinaigre” à Marin Karmitz au siège de MK2, Claude Chabrol a déjà 55 ans, et près de quarante longs métrages à son actif. Depuis ses premiers succès, qui inaugurent en 1959 la Nouvelle Vague (“Le Beau Serge”, prix Jean-Vigo ; “Les Cousins”, Ours d’or à Berlin), le cinéaste a fait joyeusement valser bourgeois de province, secrets de famille, amants jaloux, crimes passionnels et mesquineries ordinaires – “Les Biches”, “La Femme infidèle”, “Que la bête meure”, “Le Boucher”... Mais dans les années 1980, à l’instar des autres cinéastes de la Nouvelle Vague, il peine à trouver des producteurs pour ses films. “Poulet au vinaigre” est heureusement un succès et inaugure une collaboration au long cours entre le cinéaste et le producteur Marin Karmitz : douze longs métrages, de “Poulet au vinaigre” à “La Fleur du mal” (2002), en passant par “Masques” (1987), “Une affaire de femmes” (1989), “Madame Bovary” (1991), “Betty” (1992), “L’Enfer” (1994), “La Cérémonie” (1995), “Au cœur du mensonge” (1999) ou “Merci pour le chocolat” (2000). En 2009, “Bellamy”, avec Gérard Depardieu, sera son dernier film.