L'HEURE D'ÉTÉ

  • France
  • 2008
  • 98 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Recommandé par Christine Angot
C’est l’été. Dans la belle maison familiale, Frédéric, Adrienne, Jérémie et leurs enfants fêtent les 75 ans de leur mère, Hélène Berthier, qui a consacré toute son existence à la postérité de l’œuvre de l’oncle, le peintre Paul Berthier. La disparition soudaine d’Hélène, quelques mois plus tard, les obligera à se confronter avec les encombrants objets du passé. Cette famille, à l’apparence si heureuse, va-t-elle pouvoir rester unie ?
  • L'avis de Christine Angot
Une maison à la campagne qu’après la mort de la mère, il faudra vider de toutes les richesses qu’elle contient, dont un tableau de Corot et un bureau de Majorelle… Ça ne me concerne pas, tout ça. Ce n’est pas ma vie. Pas mon milieu. Pas ma situation. Pas mes préoccupations. Et pourtant… tout m’intéresse dans ce film, tout me concerne, tout me parle.


  • Pour aller plus loin :
Pour son douzième film, Assayas opte pour un scénario d’une grande simplicité. Une famille bourgeoise à l’imposant patrimoine fait face au décès soudain de sa matriarche. Elle était le dernier lien unissant une fratrie désunie par le temps et les kilomètres.

Grâce au développement de personnages complexes et attachants, Assayas parvient à nous faire entrer en empathie avec ces êtres qui, derrière de chatoyantes apparences, cachent bien des tourments. Les réactions du trio sont proportionnées, réfléchies et d’un réalisme convaincant. Charles Berling est génial dans le rôle du grand frère, face aux électrons libres Adrienne (jouée par Juliette Binoche) et Jérémie (Jérémie Renier). Mention spéciale pour le personnage d’Éloïse (Isabelle Sadoyan), maîtresse de maison généreuse qui touche par sa bienveillance et sa modestie.

Dans la première partie du film, un sentiment de grande fluidité se dégage des mouvements de caméra et du montage. Grâce à ces prises de vues très mobiles, Assayas capture avec brio les déplacements de personnages qui évoluent dans un lieu dont ils connaissent les moindres recoins. Cette fluidité est brisée par le décès de la matriarche. A la suite de cet événement, la composition des plans se fait plus chaotique et le montage plus elliptique. 

Les enjeux financiers restent au second plan, il est surtout question de savoir si les liens ténus qui unissent encore cette famille vont résister à ce décès soudain. Le film déploie une réflexion subtile sur la transmission entre les générations et les bouleversements intimes que cette passation induit pour chacun des membres de la famille. 
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Hugues Porquier, journaliste, mk2 Curiosity
  • Derrière la caméra
Figure majeure du cinéma français, Olivier Assayas débute comme critique aux Cahiers du Cinéma dans les années 1980, où il partage notamment son amour pour les films de kung-fu. Il enchaîne très vite avec son premier long métrage, Désordre (1986), lauréat du prix de la critique internationale à la Mostra de Venise. Le cinéaste développe un cinéma pluriel : hommage aux films asiatiques avec Irma Vep (1996), peinture de la jeunesse révoltée avec L'Eau froide (1994) ou Après Mai (2012), et renouvellement des codes avec Les Destinées sentimentales (2000) ou L'Heure d'été (2007). Fan de gros rock’n’roll, Assayas a aussi filmé en 2006 le festival Art Rock de Saint-Brieuc dans le documentaire Noise. Il signe ensuite Sils Maria (2014), Personnal Shopper (2016) et Cuban Network (2019). Il a également décliné Irma Vep en série pour HBO, présentée à Cannes Première en 2022.