Pour son douzième film, Assayas opte pour un scénario d’une grande simplicité. Une famille bourgeoise à l’imposant patrimoine fait face au décès soudain de sa matriarche. Elle était le dernier lien unissant une fratrie désunie par le temps et les kilomètres.
Grâce au développement de personnages complexes et attachants, Assayas parvient à nous faire entrer en empathie avec ces êtres qui, derrière de chatoyantes apparences, cachent bien des tourments. Les réactions du trio sont proportionnées, réfléchies et d’un réalisme convaincant. Charles Berling est génial dans le rôle du grand frère, face aux électrons libres Adrienne (jouée par Juliette Binoche) et Jérémie (Jérémie Renier). Mention spéciale pour le personnage d’Éloïse (Isabelle Sadoyan), maîtresse de maison généreuse qui touche par sa bienveillance et sa modestie.
Dans la première partie du film, un sentiment de grande fluidité se dégage des mouvements de caméra et du montage. Grâce à ces prises de vues très mobiles, Assayas capture avec brio les déplacements de personnages qui évoluent dans un lieu dont ils connaissent les moindres recoins. Cette fluidité est brisée par le décès de la matriarche. A la suite de cet événement, la composition des plans se fait plus chaotique et le montage plus elliptique.
Les enjeux financiers restent au second plan, il est surtout question de savoir si les liens ténus qui unissent encore cette famille vont résister à ce décès soudain. Le film déploie une réflexion subtile sur la transmission entre les générations et les bouleversements intimes que cette passation induit pour chacun des membres de la famille.
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Hugues Porquier, journaliste, mk2 Curiosity