LIKE SOMEONE IN LOVE

  • Iran
  • 2012
  • 105 min
  • VOST
  • Tout Public
  • Drame
  • Synopsis
Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.
  • Notre avis
Abbas Kiarostami tourne “Like Someone in Love” en 2012,  deux ans après l'élégant “Copie conforme”. Changement de décor et de paradigme. Comme pour revenir à une forme d'ascèse perdue dans ce précédent opus (un casting de stars, les ruelles glamours de l'Italie comme décor), le réalisateur iranien s'expatrie au Japon, avec des acteurs inconnus ou débutants, pour raconter l'histoire de trois solitudes noyées dans l'anonymat d'une grande ville.

Akiko est étudiante le jour, prostituée la nuit, et tente de cacher à son petit ami sa double vie. Un jour, Takashi, un vieux professeur, fait appel à ses services, et un lien inexplicable se noue entre eux, entraînant les personnages dans une relation triangulaire où personne ne sait où commence ni finit la sincérité...

Récit en 24 heures d'une rencontre fulgurante, “Like Someone in Love” déconcerte par sa façon de tout suspendre. Suspension du temps d'abord, mais aussi de la transparence des sentiments. Quelle forme d'intimité Takashi et Akiko ont-ils partagé ? Leur proximité intellectuelle est-elle aussi tarifée, au même titre que leurs échanges charnels, dont on ne connaît pas la vraie nature ?

Abbas Kiarostami, qui contourne toute psychologisation, n'esquisse pas l'ombre d'une réponse. Ce qui l'intéresse, c'est la traversée nocturne que partagent les êtres, les dialogues naturalistes et pudiques.

Par le pouvoir de l'évocation - une épure de la mise en scène, des hors champs suggestifs, des reflets mélancoliques de la ville dans les vitres, des lumières qui pénètrent l'enclos d'une voiture -, le réalisateur donne à son film le laconisme triste mais si beau des haïkus. Tout comme ces poèmes brefs et humbles, qui semblent disparaître une fois prononcés, “Like Someone in Love” est un bijou d'évanescence.

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Léa André-Sarreau, TROISCOULEURS

  • Derrière la caméra
Né en 1940 à Téhéran, Abbas Kiarostami est l’auteur d’une cinquantaine de films. Caché en permanence derrière une paire de lunettes noires, le cinéaste iranien cultive, à la vie comme à l’écran, le goût du mystère et de la poésie. Avec la trilogie de Koker – du nom du village dans lequel ont été tournés Où est la maison de mon ami ? (1988), Et la vie continue (1992) et Au travers des oliviers (1995) – et surtout avec Le Goût de la cerise, Palme d’or au Festival de Cannes en 1997, Kiarostami s’impose comme l’un des auteurs phares de sa génération.

En 1999, il rencontre Marin Karmitz (qui produira cinq films de Kiarostami : Le vent nous emportera, ABC Africa, Ten, Copie conforme et Like Someone in Love). mk2 a par la suite racheté les droits de ses films plus anciens, qui sont proposés ici dans des versions restaurées inédites.

C'est l'occasion de découvrir une autre facette du cinéaste, qui a su filmer l'enfance comme personne dans ses premiers courts métrages.

  • À sa sortie, les critiques ont dit...
“Les choix du cinéaste construisent une série de dispositifs aussi redoutables qu'ils semblent évidents, c'est-à-dire qu'ils ne dénaturent jamais de primordiales exigences, celles à la fois de raconter l'histoire de quelques êtres humains - auxquels les longs plans confèrent une épaisseur inouïe - et d'émouvoir.” (Jean-François Rauger, Le Monde, 8 mai 2012)