Un jeune boulanger vagabonde de toit en toit, comme Le Baron perché du roman d’Italo Calvino sautait d’arbre en arbre. On retrouve dans ce road movie transposé dans le ciel de Rome la même légèreté, la même fantaisie, la même liberté que dans le livre de 1957. Mais dans un cadre très moderne et plus prosaïque, celui d’une capitale italienne invisible d’en bas.
Pour son premier long métrage réalisé à 27 ans, Fulvio Risuleo a gardé son âme d’enfant intacte, et la déploie dans cette rêverie merveilleuse. Récompensé au Festival de Cannes pour son court métrage Varicella (2015), le prodige italien s’épanouit également dans la bande-dessinée. Avant de tourner Look Up, il en a raconté chaque scène à un artiste parisien qui les retranscrit en planches de BD.
Il en résulte des images créatives et parfaitement composées. Semblables à des épisodes, chaque rencontre sur le toit donne lieu à une nouvelle petite histoire. L’esprit rêvassant, on se régale à les découvrir une à une, originales et jouissives : celle d’une parachutiste en fuite, d’une secte d’enfants masqués, de jumeaux nudistes...
Chacune de ses histoires pourrait constituer un film en soi. Mais Fulvio Risuleo les laisse en apesanteur sans trop en dévoiler. Ses personnages sont tous d’origines différentes, recréant une petite Babel aérienne.
Pour notre plus grand plaisir, on croise l’immense acteur Lou Castel, qui joua avec les plus grands réalisateurs transalpins et d’ailleurs (Bellocchio, Chabrol, Fassbinder…), et fut banni d’Italie en 1972 à cause de ses combats à l’extrême-gauche. Il incarne Baobab, ermite perdu entre rêve et réalité… Un peu comme le spectateur pendant cette délicieuse et extravagante parenthèse.
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Agathe Wippler, mk2 Curiosity
