LUMUMBA, LA MORT DU PROPHETE

  • Documentaire
  • Synopsis
En 1962, un enfant haïtien rejoint ses parents, coopérants au Congo, ex-belge, nouvellement indépendant. Deux ans plus tôt, Patrice Lumumba, figure mythique de l'indépendance congolaise, trouvait la mort au Katanga. À partir d'une photographie trouvée par sa mère où figure le leader congolais, l'enfant, devenu cinéaste, réalise trente ans plus tard, un film très personnel et sensible où biographie et histoire, témoignages et archives, constituent la trame d'une réflexion autour de la figure de Lumumba, son assassinat politique, les médias et la mémoire.
  • Pour aller plus loin :
Symphonie visuelle méticuleusement composée par le cinéaste Raoul Peck, Lumumba ou la mort du prophète est un magistral ballet d'archives qui gravite autour de Patrice Lumumba, figure de l’anticolonialisme congolais. Avec le portrait de ce héros de l’indépendance, victime d’un assassinat politique à 35 ans, Peck révèle les destins, liés par la colonisation, du Congo et de la Belgique. Une période (1908-1960) rongée par les discriminations, les assassinats et les mutilations perpétrées par les exécutants du roi des Belges Léopold II.  
La voix grave et tranquille de Peck imprègne chaque image d’accents tragiques. Dans le coin d’une photographie prise lors du discours de déclaration de l’indépendance du juin 30 juin 1960, on voit Lumumba rédiger une allocution, dont Peck nous dit qu’elle n’était pas du tout prévue au protocole. Une prise de parole historique, lors de laquelle Lumumba va “dire ce qu’il ne faut pas dire”, sous les yeux médusés de Léopold II. 
L’expérience personnelle du cinéaste, dont la famille a rejoint Léopoldville en 1962 pour échapper à la dictature haïtienne, lui permet d’alterner entre documents historiques et archives familiales. Il utilise notamment les écrits de sa mère - alors secrétaire particulière du premier bourgmestre de Léopoldville - qu’il introduit à chaque fois par un solennel “Ma mère raconte…”. Ce témoignage sur les horreurs de la colonisation apporte un éclairage très personnel sur cette période historique violente et confuse. 
À travers plusieurs entretiens avec des journalistes de l'époque, le documentaire met en lumière la liberté toute relative de la presse belge dans le traitement de la situation au Congo. "La presse est libre, mais les journalistes ne le sont pas", explique Pierre Devos, grand reporter au quotidien Le Soir.


Hugues Porquier, mk2 Curiosity