MÉLO

  • France
  • 1986
  • 106 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Synopsis
Un célibataire et un couple confrontent leurs vies respectives : le premier n'a plus que les souvenirs, le second n'a plus que les compromis. Lui se voile la face quand son meilleur ami Marcel, se laisse séduire par sa femme. La tragédie couve sous ces faux-semblants…
  • Notre avis
Mélo résulte d’un pari un peu fou qu’Alain Resnais s’est fait à lui-même. Adapter au cinéma une pièce d'Henri Bernstein, dramaturge oublié et réputé injouable, même au théâtre. Alors au cinéma, les adaptations de ses œuvres n'avaient donné que du mauvais théâtre filmé - comme le Mélo de Paul Czinner, réalisé en 1932.

Mais Resnais croit au potentiel de cette pièce. Il convoque ses quatre fantastiques : Sabine Azéma, qui a obtenu pour ce rôle le César de la meilleure actrice, Pierre Arditi (César du meilleur second rôle), André Dussollier, et Fanny Ardant. En 20 jours, la troupe relève le pari avec brio.  

Le film s’ouvre sur un générique qui prend la forme d’un livre, comme si Resnais feuilletait le texte de la pièce. Il y a les trois coups de théâtre, et même le brouhaha des spectateurs. Les trois actes sont séparés par des rideaux. Mais ce n’est pas du théâtre filmé. C’est un film total, avec le “son particulier” auquel Resnais tient tant dans ses longs métrages. Grand mélomane, il met toujours la musique au premier plan de ses films. Ici, celle d’une sonate de Brahms jouée par les personnages-musiciens (Dussollier au violon, Azéma au piano).

“Une histoire simple qui fait surtout appel aux grands sentiments”, résume Arditi sur un plateau télé, à la sortie du film en 1986, aux côtés d'Azéma.

L’histoire n'a en effet rien d’extravagant. Une femme trompe son mari avec le meilleur ami de ce dernier. Mais Resnais apprécie cette simplicité qui embrasse des thèmes universels : l’amour, l’amitié et la mort. 

Dans Le Figaro, il explique qu’“En lisant la pièce “à la table” avec les comédiens, parfois l’émotion nous serrait la gorge. On a donc décidé de la monter avec sincérité et simplicité, sans moderniser ni édulcorer le texte ou les situations. On a essayé de jouer la pièce sans aucune distanciation. Comme on la sentait”.

Le jeu de ces acteurs grandioses est si convaincant qu’on en oublie le lyrisme un peu appuyé de cette pièce surannée. Devant ces trois personnages qui s’aiment à la folie, se trahissent effrontément et mentent avec aplomb, on se retrouve, nous aussi, la gorge serrée. 
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Agathe Wippler, mk2 Curiosity
  • Derrière la caméra
Monteur de formation, Alain Resnais est très vite devenu un réalisateur incontournable, comme représentant du « Nouveau Cinéma » d'abord, avant de tracer un parcours singulier. La marque de fabrique d’Alain Resnais réside en sa capacité à créer des formes inédites et à enrichir les codes de la représentation cinématographique par son frottement à d'autres arts : littérature, théâtre, musique, peinture ou encore bande dessinée…