MERCI POUR LE CHOCOLAT

  • France
  • 2000
  • 101 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Synopsis
André Polonski, pianiste virtuose, et Mika Muller, PDG des chocolats Muller, se sont mariés à Lausanne. Auparavant, André a épousé Lisbeth dont il a eu un fils, Guillaume. Le jour de ses six ans, alors qu’ils étaient de passage en Suisse chez Mika, Lisbeth s’est tuée dans un accident de voiture. La jeune Jeanne Pollet, qui prépare le concours de piano de Budapest, apprend qu’elle aurait été échangée le jour de sa naissance avec Guillaume. L’infirmière aurait interverti les bracelets des deux bébés. A la recherche de ses origines et d’un mentor, l’ambitieuse débutante tente de s’approcher du maître. Cette intrusion va ébranler l’édifice familial.
  • Notre avis
Après La Rupture (1970), Chabrol adapte pour la deuxième fois un roman de l’Américaine Charlotte Armstrong. Claude Chabrol fait cette fois cap sur Lausanne, avec vue plongeante sur le Lac Léman. Isabelle Huppert, dont le machiavélisme est ici à la hauteur de la tristesse qui la ronge, est au sommet de son art.

“J’ai le chic pour faire le mal”, confesse-t-elle après avoir dissimulé tant bien que mal sa vraie nature pendant 1h30. Tout au long du film, les indices sur sa culpabilité s’accumulent, mais Chabrol laisse subtilement planer le doute pour créer cette ambiance mystérieuse et malsaine qui inonde tous ses films.

“Il faut sauver les apparences, il n’y a que ça qui compte”, résume Mika, la patronne d’une société prestigieuse de chocolat suisse qu’incarne Huppert. Son personnage brosse ainsi en quelques mots le portrait d’une bourgeoisie qui cache derrière ses belles maisons et ses bijoux les péchés les plus inavouables. Ici, le chocolat chaud qu’elle verse tous les soirs à son beau-fils Guillaume devient une métaphore de cet amour vicié qu’elle déverse sur tout son entourage. Le genre de Chabrol dont on raffole. On en reprendrait volontiers plusieurs tasses.

Tristan Brossat, rédacteur en chef de mk2 Curiosity

  • Derrière la caméra
En 1985, quand il fait parvenir le scénario de “Poulet au vinaigre” à Marin Karmitz au siège de MK2, Claude Chabrol a déjà 55 ans, et près de quarante longs métrages à son actif. Depuis ses premiers succès, qui inaugurent en 1959 la Nouvelle Vague (“Le Beau Serge”, prix Jean-Vigo ; “Les Cousins”, Ours d’or à Berlin), le cinéaste a fait joyeusement valser bourgeois de province, secrets de famille, amants jaloux, crimes passionnels et mesquineries ordinaires – “Les Biches”, “La Femme infidèle”, “Que la bête meure”, “Le Boucher”... Mais dans les années 1980, à l’instar des autres cinéastes de la Nouvelle Vague, il peine à trouver des producteurs pour ses films. “Poulet au vinaigre” est heureusement un succès et inaugure une collaboration au long cours entre le cinéaste et le producteur Marin Karmitz : douze longs métrages, de “Poulet au vinaigre” à “La Fleur du mal” (2002), en passant par “Masques” (1987), “Une affaire de femmes” (1989), “Madame Bovary” (1991), “Betty” (1992), “L’Enfer” (1994), “La Cérémonie” (1995), “Au cœur du mensonge” (1999) ou “Merci pour le chocolat” (2000). En 2009, “Bellamy”, avec Gérard Depardieu, sera son dernier film.