Immersion captivante dans la vie paysanne du XIXe siècle, Mireille nous offre une plongée magnifique dans les splendides paysages provençaux, peuplés de chevaux camarguais et de leurs gardians. Une profonde authenticité imprègne ce folklore fait de costumes traditionnels et d’artisans travaillant coton et osier. Les acteurs, des locaux méconnus, jouent avec une naïveté touchante, 100 % authentique.
C’est dans ce cadre dépaysant que se déroule l’histoire millénaire, mais très joliment racontée, d’un amour contrarié par les différences de classe. Elle est tirée d’un poème de 1859, Mirèio, écrit en langue provençale par Frédéric Mistral, qui lui valut le prix Nobel de littérature en 1904. Charles Gounod en fait un opéra en 1864, lui-même repris en long métrage muet par Ernest Servaes en 1922. Avant, donc, cette version parlante.
Ernest Servaes devait réaliser entièrement ce Mireille. Mais il fut remplacé en cours de tournage par René Gaveau, en raison de “différends artistiques” avec le producteur.
Les chants, tirés directement de l’opéra de Gounod, sont portés par de puissants choristes. Seul un acteur, d’une certaine renommée à l’époque, a joué à la fois dans la version muette et dans la version parlante : Joë Hamman, dans le rôle d’Ourrias, le prétendant jaloux.
Cavalier et cascadeur émérite, Hamman est une figure d’un genre méconnu, le western camarguais. Parfois surnommé “western bouillabaisse” ou “western camembert”, ce genre s’est principalement développé entre 1909 et 1913.
_
Agathe Wippler, mk2 Curiosity