Film commande de l’industrie pharmaceutique détourné par Marin Karmitz, Nuit noire, Calcutta, prend la forme d’une intense déambulation nocturne scénarisée par Marguerite Duras. Très vite, Marin Karmitz abandonne le projet didactique et vogue vers une narration beaucoup plus libre. Alors que le film devait promouvoir un médicament censé guérir l’alcoolisme, il devient un mirage en noir et blanc porté par Maurice Garrel, dans la peau d'un écrivain ivrogne, vice-consul à Calcutta, réduit à l’impuissance créative.
Qui mieux que Duras pouvait décrire les ravages de l’ivresse sur le processus d’écriture ? Son style grave et sa langue lancinante accompagnent le naufrage de l’écrivain maudit face à sa page blanche. Plus qu’un film méta, le court-métrage dépeint avec justesse et élégance la détresse de l’auteur, qui déjà n’est plus.
Cannelle Anglade, TROISCOULEURS