La reine moribonde a fait promettre au roi de n'épouser qu'une femme plus belle qu'elle. Dans tout le royaume, une seule personne peut se prévaloir d'une telle beauté, sa propre fille. Revêtue d'une peau d'âne, la princesse désespérée s'enfuit du château familial.
Le roi veut épouser sa fille, parce que sa femme vient de mourir, que les prétendantes ne lui arrivent pas à la cheville, et que sa fille lui ressemble. C’est la tragédie de l’inceste. Désespoir, honte, stratagèmes. Magie absolue du vêtement. Honte absolue d’avoir à porter une peau d’âne « dégoûtante » pour échapper à l’appétit du père. Et à travers le cinéma le désespoir qui vous prend, quand vous ne comptez plus pour vous en sortir que sur l’apparition d’une fée et de sa baguette.
« Amour, amour, je t’aime tant… » Si vous avez vu au moins une fois l’irrésistible conte de fées de Jacques Demy, ses chansons sont sans doute gravées à tout jamais dans votre mémoire. Inspiré du Peau d’âne de Charles Perrault, qui raconte comment une princesse fuit son château dissimulée sous une peau d’âne pour ne pas être obligée d’épouser son père, ce film musical est un concentré de l’univers de Demy.
Alors qu’il collabore à nouveau avec Catherine Deneuve dans le rôle principal et Michel Legrand pour la musique (les morceaux « Amour, amour », donc, mais aussi « Recette pour un cake d’amour » et « Conseils de la Fée des lilas »), c’est aussi le genre du merveilleux qui lui permet de déchaîner sa créativité visuelle pop. Des robes de princesse aux tons impossibles (« couleur du temps », « couleur du soleil »…) aux effets scintillants sur les pierreries et costumes, en passant par la tonitruante et anachronique arrivée en hélicoptère de la fée (jouée avec malice par l’icône féministe Delphine Seyrig), il s’en est donné à cœur joie. Et il a transmis son plaisir aux spectateurs, puisque le film est son plus grand succès au box office, avec plus de deux millions d’entrées en France en 1970.
Marins, ouvriers, jumelles excentriques et artistes rêveurs composent la comédie humaine de Jacques Demy. Son œuvre cinématographique nous ouvre un monde, dont on aperçoit déjà les contours dans des courts-métrages comme Ars (1959) ou Le Bel indifférent (1957), et dans son premier long-métrage Lola (1961), en hommage à Max Ophüls.
Rare cinéaste à revendiquer ses racines provinciales et à vouloir filmer la “périphérie”, il nous plonge en 1964 dans l’ambiance d’une ville portuaire où des chassés-croisés amoureux se jouent tout en chansons. Il décroche pour Les Parapluies de Cherbourg la Palme d’or à Cannes et poursuit sa collaboration avec Michel Legrand pour Les demoiselles de Rochefort (1967).
Il est l’inventeur d’une nouvelle forme de cinéma musical, sans équivalent au sein de la Nouvelle Vague, qui mêle la puissance des couleurs à une gravité certaine… car le monde de Jacques Demy est “fait de ces gens échoués qui ne désespèrent pas de prendre la route” (Jean-Pierre Berthomé).
La reine moribonde a fait promettre au roi de n'épouser qu'une femme plus belle qu'elle. Dans tout le royaume, une seule personne peut se prévaloir d'une telle beauté, sa propre fille. Revêtue d'une peau d'âne, la princesse désespérée s'enfuit du château familial.
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