PETITS FRÈRES

  • France
  • 1998
  • 89 min
  • VF
  • Tout Public
  • Drame
  • Synopsis
L’adolescence fascine Jacques Doillon, qui en a fait le thème central de nombreux films dans lesquels les figures de l’autorité disparaissent, laissant les adolescents entre eux. Pour ces personnages à fleur de peau, Doillon désirait des comédiens non-professionnels. Ainsi Stéphanie Touly qui incarne Tallia a été repérée dans le Val d’Oise. Quant à Illiès Sefraoui (Illiès), il a selon Les Inrocks attiré le regard en fraudant de manière répétée au cinéma. Synopsis : Après une embrouille avec son beau-père, Talia, treize ans, s’enfuit de la maison. Elle décide d’emmener sa chienne, Kim, avec elle. Elle part pour Pantin où habite un de ses amis. Le copain est parti en foyer. Elle rencontre quatre garçons de son âge, drôles et malins, qui s’intéressent à elle. En réalité c’est Kim qui les attire. Les petits fomentent un plan : gagner la confiance de la fille et lui voler sa chienne. Ils la revendront et la feront tourner dans des combats. Talia, furieuse, est prête à tout pour retrouver l’animal.
  • Pour aller plus loin :
Ouvert en 1996, le cinéma 14-Juillet-sur-Seine (qui deviendra le mk2 Quai de Seine) est installé dans un ancien hangar, ouvert sur le bassin de la Villette, conçu par Gustave Eiffel pour l’Exposition universelle de 1878 et utilisé jusque-là par des mariniers. Au début des années 1990, les passants sont rares, on ne traîne pas dans le quartier de Stalingrad passé huit heures du soir. Les commerces ferment, les appartements sont à vendre. En cause, la vente et la consommation de crack qui s’installent sur la place Stalingrad. Le 2 juin 1995, Le Parisien désigne le favori et son challenger en titrant : « Stalingrad entre dealers et cinéma ». 

Peu après l’inauguration du cinéma, des préados venus des cités voisines prennent l’habitude de jouer les quatre cents coups dans les salles. Un peu de chaparde, des entrées par derrière… Les équipes de la salle tentent de les impliquer dans la vie du cinéma en leur proposant de distribuer des tracts annonçant l’ouverture de la salle contre des places gratuites. Le travail de terrain paie, même s’il faudra encore plusieurs mois pour que la situation s’apaise totalement.

À ce moment-là, Jacques Doillon est sous contrat avec mk2 qui a produit en 1985 son film La Tentation d’Isabelle. Marin Karmitz, qui aime chez le réalisateur de Ponette sa capacité à mettre en scène des enfants, lui raconte ses histoires avec le cinéma du Quai de Seine. Doillon demande à rencontrer ces gamins qui viennent au cinéma. De ces rencontres naît le scénario de Petits frères. Parmi les protagonistes, on retrouve certains des jeunes spectateurs du bassin de la Villette. Le film est tourné aux Courtillières, une cité de Pantin. Pour filmer là-bas, il faut ses entrées. Celui qui ouvre les portes s’appelle Dembo Goumane. Dembo sort de prison après un braquage dans une parfumerie, croise la route de Doillon, facilite le tournage aux Courtillières, joue dans Petits frères. Il a raconté son histoire dans le captivant Dembo Story (Hachette Littératures, 2006).