PICKPOCKET

  • France
  • 1959
  • 72 min
  • VF
  • Tout Public
  • Synopsis
Fasciné par l’idée que, dans certains cas, des hommes capables, indispensables à la société seraient libres d’échapper aux lois, Michel devient pickpocket. Malgré un commissaire qui le surveille et Jeanne qui l’aime, il ne peut s’empêcher de voler.
  • Notre avis
« On sait bien que Bresson, qu’on a dit si raide et janséniste, a fait en vérité le cinéma le plus sensuel qui soit. Quand Michel vole dans le métro, quand il couve ses victimes du regard et fait glisser leur portefeuille sans presque toucher leur manteau, il est lui-même le plus érotique des personnages, et en cela plus qu’aucun autre l’émissaire de Bresson. Or c’est souvent le drame des sensuels, de ne plus savoir quoi faire de leurs gestes quand leur désir bute sur le fait accompli. En s’apprenant à être pickpocket, Michel s’est appris à toucher tout le monde sans toucher personne. S’il voulait tant la prison, c’est peut-être qu’elle seule l’autorise à toucher enfin Jeanne, libéré parce qu’empêché par la grille érotique. « Pour aller jusqu’à toi, quel drôle de chemin il m’a fallu prendre » : c’est à Jeanne qu’il parle, mais à la grille qu’il pense en secret. »

Jérôme Momcilovic, journaliste TROISCOULEURS
  • Pour aller plus loin :
Le film vu par… Paul Schrader, scénariste et réalisateur :

« Au printemps 1969, j’ai vu Pickpocket. À l’époque, je n’imaginais absolument pas que je deviendrais scénariste, et encore moins réalisateur. Pendant la séance, j’ai compris deux choses qui ont changé ma vie. La première, c’est qu’il y avait un lien très fort entre mon passif religieux [il est né dans une famille calviniste ultra rigoriste, ndlr] et ma vie profane. Entre le fait d’aller au séminaire et celui de me rendre au cinéma. La deuxième, c’est que je pouvais écrire des films. Je voyais le garçon du film écrire dans son journal, sortir, voler, écrire à nouveau dans son journal, etc. Je me suis dit que je pourrais m’en inspirer pour un scénario : c’est devenu Taxi Driver (1976). Pickpocket, pendant ces soixante-quinze minutes de projection, venait de définir mon avenir artistique. C’est pour ça que je l’aime tant. »

Propos recueillis par David Ezan, journaliste, TROISCOULEURS

Pour lire l’entretien complet : https://www.troiscouleurs.fr/article/paul-schrader-the-card-counter-interview


Retrouvez le Blu-Ray de Pickpocket chez Potemkine : https://store.potemkine.fr/dvd/3545020049525-pickpocket-robert-bresson/

Lancement des précommandes du Blu-Ray de Quatre nuits d'un rêveur de Bresson chez Potemkine : https://store.potemkine.fr/dvd/3545020092637-quatre-nuits-d-un-reveur-robert-bresson/

  • Derrière la caméra
De Robert Bresson, on a dit qu'il était austère, janséniste et implacable… Il l'est sans doute indéniablement, mais son cinéma est loin de s'arrêter à ces adjectifs. De la lucidité d'un groupe d'activistes écologistes dans Le Diable probablement aux incroyables punchlines de Jeanne dans Le Procès de Jeanne d'Arc, qui font d'elle une inattendue inspiration féministe, Robert Bresson est tellement plus que les clichés qui l'accompagnent !