SANS FIN

  • Pologne
  • 1984
  • 103 min
  • VOST
  • Tout Public
  • Drame
  • Synopsis
Zyro, avocat, vient de mourir il y a quelques jours. Il voit maintenant de loin le monde des vivants et observe ce qu’il a laissé : sa femme qui se rend compte combien il est difficile de vivre sans lui, un de ses clients, jeune ouvrier accusé d’avoir organisé une grève, que défendent d’autres avocats de manière différente de la sienne…

Ce film fut censuré pendant plusieurs années en Pologne.

  • Pour aller plus loin :
Comme il sait si bien le faire, Krzysztof Kieślowski part de l’histoire d’un individu - ici le décès soudain de l’avocat Antek et le deuil de sa femme Urszula - pour évoquer les conditions politiques de son pays, à savoir l’emprisonnement d’un gréviste contestataire. Répression autoritaire de l’opposition, corruption des institutions, le cinéaste polonais livre une critique subtile des travers du communisme et des dérives de la loi martiale instaurée en 1981 par un gouvernement polonais autoritariste. Ces critiques vont conduire à la censure de plusieurs des films de Kieślowski sur le territoire polonais. 

Auteur d’un cinéma réaliste et sensible où se faufilent des éléments fantastiques, le Polonais capture le deuil d’Urszula dans son intimité la plus totale à travers la présence fantomatique d’Antek. Depuis son décès, ce dernier erre dans le réel et assiste impuissant à la détresse de sa femme. Quand il disparaît du cadre, le défunt avocat devient l'œil du réalisateur, scrutant le visage de son épouse endeuillée avec des gros plans emplis de tendresse. 

Cette épouse - jouée par Grażyna Szapołowska, que l’on retrouve aussi à l’affiche d’Une brève histoire d’amour (1988), autre film magnifique de Kieślowski - devient la première personnage principale du cinéaste, avant Julie Delpy, Juliette Binoche ou Irène Jacob, les héroïnes de sa trilogie des Trois Couleurs

Pendant ses recherches autour du film, Kieślowski fait une rencontre qui va profondément marquer son cinéma. Il fait la connaissance de Krzysztof Piesiewicz, un jeune avocat qui ne connaît rien au cinéma mais dont le talent pour l’écriture et sa connaissance du droit vont pousser le cinéaste à en faire son co-scénariste sur tous ses prochains films. De la série des Décalogues (1988) et leurs adaptations, aux Trois Couleurs en passant par La Double Vie de Véronique (1991), ce dernier contribue largement au succès du réalisateur. 
_

Hugues Porquier