Sept jours ailleurs, dans lequel on découvre un jeune Jacques Higelin, a bien failli recevoir le Prix du Jury à la Mostra de Venise. On est en 1968, et en ces temps de contestation, les réalisateurs italiens appellent au boycott du festival. Solidaire et engagé, Marin Karmitz décide de retirer son film de la compétition.
Produit entres autres par Claude Lelouch, Danièle Delorme et Yves Robert, Sept jours ailleurs suit Jacques, un jeune pianiste-compositeur (joué par Jacques Higelin) menant une vie de famille conventionnelle qui l’ennuie au plus haut point – et qui ennuie surtout son épouse (Michèle Moretti), obligée de subir en silence son diktat domestique.
Alors qu’ils ne parviennent plus à communiquer, le musicien part en tournée avec une troupe de ballet durant une semaine. Il y fait la rencontre d’une jeune danseuse (Catherine Martin) avec laquelle il a une courte liaison, ce qui lui permet de prendre du recul sur son existence et sur sa place dans sa famille…
Après avoir réalisé plusieurs fictions courtes, Marin Karmitz signe ici son premier long métrage, tourné en 1967, prémonitoire des événements de Mai 68. Son héros peine à formuler clairement que sa vie rangée ne lui convient pas, terrassé, semble-t-il, par la perspective de devoir en changer tous les aspects.
Le cinéaste s’adresse ainsi habilement – c’est-à-dire sans non plus vraiment les charger, en les regardant avec beaucoup de tendresse -, aux « Monsieur-tout-le-monde » de l’époque, malheureux à cause des codes qui leur ont été institués mais incapables de les dynamiter. Par confort ? Par manque de courage ? Les conclusions à en tirer sont laissées en suspens… sûrement pour pousser les spectateurs à leur propre examen de conscience.
Timé Zoppé, TROISCOULEURS