De toute évidence, Lois Weber est une réalisatrice de génie. Considérée par beaucoup comme une des cinéastes les plus importantes du muet, elle est la première américaine à réaliser un long métrage, et à posséder son studio de cinéma.
Militante pour les droits des femmes, elle évoque le sujet de l’avortement en 1916 dans le long métrage Where are my children ? Elle fonde aussi le Girl’s Studio Club pour encourager les femmes à se lancer dans la réalisation.
Le cinématographe n’a pas encore 20 ans que déjà, dans Suspense, elle expérimente des procédés visionnaires. Une contre-plongée totale, un personnage qui s’approche jusqu’à rentrer dans la caméra, une course-poursuite vue dans un rétroviseur, et surtout, un split-screen, le premier de l’histoire du cinéma.
Au-delà de la prouesse technique, ce plan triple constitue une belle trouvaille narrative pour faire monter le suspense. Bien avant Hitchcock, Lois Weber - qui joue elle-même le personnage principal - comprend déjà comment provoquer ce sentiment d’attente anxieuse en montrant simultanément l’arrivée du criminel, l’angoisse de la victime, et les secours qui arrivent.
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Agathe Wippler, mk2 Curiosity