Les inspirations de Maren Ade :
Vous vous êtes inspirée de votre propre père pour écrire le film ?
Oui, un peu. Il fait beaucoup de blagues aussi, il a un sacré répertoire. Je lui ai offert, il y a quelques années, un faux dentier qu’il portait en public, comme si de rien n’était, avec beaucoup de sang-froid ; les gens ne savaient pas trop comment réagir… J’avais surtout envie de faire un film sur la cellule familiale : tout est ritualisé, chacun y a un rôle précis et figé, mais personne ne se reconnaît vraiment dans son étiquette. Du coup, j’ai pensé que ce serait intéressant de faire une sorte de jeu de rôle dans une famille, que deux personnes qui se connaissent, ou pensent se connaître très bien, recommencent tout depuis le début.
Quels cinéastes savent vous faire rire ?
Pour ce film, je me suis plus inspirée de comédiens que de réalisateurs, notamment d’Andy Kaufman, que j’aime beaucoup. Il a créé de nombreux personnages, mon préféré étant Tony Clifton, un chanteur de piano-bar complètement outrancier, avec un look improbable. J’ai passé des semaines sur Google à faire des recherches sur ce personnage qui m’a inspirée pour Toni. Dans l’Amérique des années 1970, Clifton insultait les femmes jusqu’à ce qu’elles le frappent, il les faisait sortir de leurs gonds en leur disant qu’elles n’étaient bonnes qu’à la cuisine. Il voulait faire naître une rage féministe en elles.
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Maren Ade, interrogée par Raphaëlle Simon, TROISCOULEURS