TU NE TUERAS POINT

  • Drame
  • Synopsis
Yatzek, 20 ans, déambule, arrogant et maussade, dans les rues sombres de Varsovie. Ailleurs, un chauffeur de taxi nettoie méticuleusement son véhicule, tandis que dans le centre-ville un brillant élève juriste apprend sa réussite à l'examen du barreau. Ces trois destins vont se croiser dans des circonstances dramatiques…
  • Notre avis
En 1982, l’immense cinéaste polonais Krzysztof Kieślowski fait une rencontre déterminante, celle de Krzysztof Piesiewicz. Cet avocat qui deviendra son coscénariste lui fait part en 1984 de son envie d’adapter Le Décalogue, soit, dans le Christianime, les Dix commandements de la Bible.

Ils en font une série en dix épisodes pour la télévision, centrés sur l’humain et ses dilemmes moraux. Le cinéaste y affirme une mise en scène singulière, du détail fragmentaire (un visage, un reflet, un objet…), à la vision d’’ensemble : une vie désolée dans un quartier sinistré de Varsovie. 

La version longue proposée ici est celle, retravaillée pour le Festival de Cannes 1988, de l’épisode 5, Tu ne tueras point. Quelques fauteuils claquent. Certains festivaliers sont choqués par la représentation crue d’un assassinat commis au hasard. Ceux qui restent sont saisis par le parcours d’un jeune avocat idéaliste qui tente d’éviter la peine de mort à son client.

La scène de meurtre du chauffeur par le jeune homme (dans sa jeunesse Kieślowski a hésité à devenir chauffeur), acte gratuit filmé en temps réel, est suivie d’une condamnation à mort expéditive. « Dites-leur que je ne dirai jamais que ça y est », rétorque l’avocat à l’employé de prison venu chercher le jeune homme pour le mener à ses bourreaux, après une ultime confession. 

Comme lui, Kieślowski semble ne jamais se résoudre à condamner l’humanité, sur laquelle il porte pourtant un regard sans illusions. Le Prix du jury permet au réalisateur de tourner coup sur coup quatre coproductions françaises (La Double Vie de Véronique et la série des Trois Couleurs), dans lesquelles il appose les dernières touches à son ambitieux portrait de l’âme humaine.