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WEEK-END À SOCHAUX

  • France
  • 1971
  • 53 min
  • VF
  • Tout Public
  • Curiosité
  • Documentaire
  • Court-métrage
  • Synopsis
Un film écrit, joué et rêvé par le groupe Medvedkine de Sochaux, composé de jeunes ouvriers travaillant à la chaîne aux usines Peugeot et de techniciens du cinéma.
  • Notre avis
En 1967, le cinéaste militant Chris Marker reçoit une lettre de l’ouvrier syndicaliste Pol Cèbe, lui demandant d’envoyer des films engagés à l’usine de fils synthétiques de Rhodiaceta dans le Doubs pour les diffuser pendant la grève. Marker accepte. Il se rend également sur place pour filmer le bilan du mouvement social et donne naissance à À bientôt, j’espère (1968). Considéré comme trop “romantique” par les ouvriers eux-mêmes, ce film force Marker à se rendre à l’évidence : seuls les ouvriers peuvent filmer avec authenticité leurs conditions de travail et leurs revendications. 

Cette réflexion donne naissance à Besançon au premier groupe Medvedkine (en hommage au cinéaste russe Alexandre Medvedkine et son ciné-train), formé et équipé par Marker et Jean-Luc Godard. Quelque temps après, le groupe Medvedkine de Sochaux voit le jour. Plus jeune, le collectif sochalien réalise plusieurs films dans la foulée de Mai 68, dont Week-end à Sochaux, cri de révolte des ouvriers contre l’entreprise Peugeot.

Travail, logements, loisirs, Peugeot contrôle tous les aspects de la vie de ses ouvriers. Une exploitation sans limite que le collectif entend bien dénoncer grâce à ce film. Ils comptent sur la pérennité des images pour diffuser leurs revendications plus largement, pour que leur projet soit davantage qu’un simple tract qu’on oublie une fois jeté.

Caméra en mains, les ouvriers s'écartent presque entièrement du documentaire pour filmer leurs conditions. Ils n’en conservent que les entretiens, lors desquels ils énoncent leurs revendications et se confient sur leurs expériences personnelles. Pour le reste, c’est par la satire et la dérision que les ouvriers-cinéastes s'attèlent à déboulonner, pièce par pièce, les incohérences et les abus de Peugeot. Ils optent pour des sketches loufoques dans lesquels ils se mettent joyeusement en scène, comme dans cette reconstitution moyenâgeuse de l’embrigadement de Peugeot dans les petits villages de la région. 
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Hugues Porquier, mk2 Curiosity