WHEN YOU'RE STRANGE

  • Documentaire
  • Synopsis

Tout premier long-métrage documentaire sur les Doors, When you’re strange retrace le parcours de l’un des groupes de musique le plus « sombre et dangereux » qu’aient connus les Etats-Unis. Tom DiCillo évoque l’histoire du groupe et l’Amérique des années 1960 avec un sens de l’urgence très contemporain. Accompagné par la voix de Johnny Depp, le film nous fait pénétrer dans l’univers halluciné et envoûtant des Doors.

Entièrement composé d’images d’archives, le biopic de Tom DeCillo inclut des séquences tournées par Jim Morrison lui-même pour un film qui reste inédit : HWY, An American Pastoral, dans lequel le chanteur incarne un autostoppeur pour le moins inquiétant… Le film de Tom DeCillo est l’occasion unique de découvrir ces images rares.

  • Pour aller plus loin :

[mk2 Curiosity] Quelle est la genèse de “When You're Strange”?

[Tom DiCillo] C'est le premier film que je réalise dont je n'ai pas eu l'idée originale. Les producteurs disposaient d'un stock important d'images d'archives sur les Doors, dont certaines inédites. Il m'ont demandé si cela m'intéressait d'en faire un documentaire. J'ai accepté avec enthousiasme. Quand j'ai vu ces séquences, j'ai été ensorcelé, d'autant que la plupart n'avaient pas de son, et n'étaient pas datées. Les images étaient d'une beauté à la fois surréaliste et authentique, ancrée dans la réalité de l'époque : Morrison errant dans le désert, une bière à la main, ou fendant la foule avant un concert. J'ai donc proposé aux producteurs de n'utiliser que ces rushs, sans interviews de Bono, Jagger ou qui que ce soit. Je leur ai dit : «Laissez-moi raconter les Doors tels qu'ils étaient, essayer de définir leur musique, la façon dont ils travaillaient ensemble. Ils m'ont fait confiance.

[mk2.C] Vous avez assemblé ces images d'archive de manière très rythmique, très musicale. Comment avez-vous pensé le montage du film ?

[T.D] Il fallait créer du suspense, trouver le bon tempo. Quand j'écris mes films, j'ai toujours un certain tempo en tête. Ici, j'ai décidé d'utiliser les rushs du moyen métrage de Morrison, “HWY - An American Pastoral”, comme un motif récurrent. Ces extraits scandent le documentaire. Mais, à l'origine, ils étaient silencieux. Je devais donc songer à les sonoriser. Par exemple, lorsque Morrison, au volant de sa voiture, tend la main vers l'autoradio, qu'allait-il écouter? J'ai d'abord eu l'idée d'insérer une pub radiophonique, un bulletin météo ou un flash sur la guerre du Vietnam. Finalement, j'ai décidé de faire écouter à Morrison l'annonce de sa propre mort, par overdose, à Paris. J'ai essayé de jongler entre des séquences quasi-mystiques, comme celle-ci, et d'autres plus informatives. Le montage épouse et amplifie ce balancement.

[mk2.C] La séquence dont vous parlez, durant laquelle Morrison écoute l'annonce de son propre décès, jette un trouble : est-on réellement face à Morrison ? Ne s'agit-il pas d'un double, d'un sosie ?

[T.D] Quand on a montré le film à Sundance, certains journalistes ont quitté la salle au bout de dix minutes. Je leur ai couru après, et leur ai demandé pourquoi ils sortaient. Ils se disaient outrés par le fait qu'on avait utilisé un acteur à la place de Morrison. Ça montre bien que la plupart des gens qui disent tout connaître des Doors n'y connaissent strictement rien ! Heureusement, d'autres critiques ont mieux saisi le sens de ma démarche, et ont compris qu'il s'agissait bien du vrai Morrison.

  • Derrière la caméra

Tom DiCillo s’est fait un nom en dirigeant la photographie de “Stranger than Paradise” (1984) de Jim Jarmusch, puis en révélant Brad Pitt dans son premier long métrage, “Johnny Suede” (1991). Après ce film, il réalise 6 autres long métrages comme “Ça tourne à Manhattan” (1995), “Une vraie blonde” (1997) ou encore “Delirious” (2006) avant de finalement se consacrer à la réalisation d’épisodes de séries (“New-York Unité Spéciale” et “Chicago Fire” notamment).