Le fait de révéler son identité dans ce type de situation précaire est toujours un risque d’être identifié par les forces de police, d’être fiché, reconduit, etc… donc c’est à éviter absolument pour tous les migrants en situation irrégulière. Il y a eu plusieurs films dont celui de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval qui ont montré à quel point ce processus de dissimulation était poussé, et qu’il s’agissait pour certain d’aller jusqu’à détruire leurs empreintes digitales. Dans « Goutte d’or » il s’agit non seulement d’échapper aux forces de l’ordre mais aussi de se construire une autre identité, fictive, qui permet à chacun de raconter quelque chose de lui.

SUR CE SUJET DELICAT, CERTAINS SERAIENT TENTES DE RESTER COLLES CONSTAMMENT AU REEL. CE N'EST PAS VOTRE CAS PUISQUE CES DEUX FILMS LAISSENT DE LA PLACE AUX CHIMERES, A LA CROYANCE ET AU MYSTICISME. POURQUOI CETTE DIMENSION MAGIQUE (OU CAUCHEMARDESQUE) EST-ELLE SI PRESENTE ?

La croyance est une part essentielle de l’expérience humaine, elle intègre une part d’irrationnel et transforme notre rapport au réel. Elle ouvre des brèches vers l’incertitude, l'irrésolution. C’est quelque chose qui traverse tout mon travail. Pour ces deux films en particulier, cela complexifie les trajectoires des personnages et fait aussi qu’ils ne se limitent pas à des incarnations d’un phénomène social et politique.

SUR CETTE THEMATIQUE, Y A-T-IL UN FILM PAS FORCEMENT TRES CONNU OU UNE CURIOSITE QUI VOUS A MARQUE ET QUE VOUS RECOMMANDERIEZ ?

« L’Exil et le Royaume » de Andrei Schtakleff et Jonathan Le Fourn, et « l’Héroïque Lande » de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval.