CLOSE-UP | IRIS KALTENBÄCK

Pour la sortie du Ravissement, la cinéaste révélée cette année à Cannes nous offre son Vol des cigognes.

Pour la sortie de son premier long métrage présenté cette année à Cannes, Le Ravissement, magnifique conte moderne sur la maternité avec Hafsia Herzi inspiré d’un fait divers bouleversant, la cinéaste nous offre son court métrage tout aussi fascinant.

À la Semaine de la critique de Cannes, Le Ravissement, son subtil et profond premier long métrage (récompensé par le Prix SACD), nous a transportés. Portrait de la jeune réalisatrice Iris Kaltenbäck, qui filme des personnages denses et des trajectoires détournées avec une étonnante simplicité.

D’emblée, elle impose un mélange de simplicité et d’élégance, à l’image de la mise en scène du Ravissement. Quand elle nous parle, elle tourne autour de la bonne formule, pour nous livrer à l’arrivée une pensée limpide et passionnante. Ce côté très réfléchi se sent dans l’écriture soignée de ses personnages (incarnés par Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse), mis à distance des clichés. Née à Paris en 1988, Iris Kaltenbäck tient cette fibre sensible de ses deux parents, psychanalystes – son père, d’origine autrichienne, a aujourd’hui disparu. « J’ai été élevée par des gens qui s’intéressaient énormément aux êtres humains et qui m’ont appris à toujours regarder à côté, à ne jamais juger. » Jeune, elle se découvre une passion pour le ciné (d’abord commercial, puis moins – elle adore les films du Polonais Krzysztof Kieślowski ou de l’Argentine Lucrecia Martel), autant que pour les faits divers. Elle hésite à être cinéaste ou avocate pénaliste. Elle suit des études de philo et de droit, mais ne peut s’empêcher de citer des films en intro de ses dissertations. Le cinéma la démange : elle s’inscrit à la Fémis, en scénario, et en sort diplômée. S’ensuit la réalisation du court Le Vol des cigognes (2015), qui porte déjà le même sujet que Le Ravissement avec ce portrait d’une héroïne complexe, en perte de repères après une rupture amoureuse puis l’annonce de la grossesse de sa meilleure amie, qui finit par s’embourber dans un gros mensonge. Inspirée par sa lecture du Ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras, une affaire sur laquelle elle est tombée, mais aussi par l’expérience qu’elle a vécue avec une amie, elle nous confie que ce premier long a été fait dans une forme d’urgence, qui se répercute dans ce film urbain, très contemporain. Sa fin, apaisée, fluide, sans esbroufe, nous donne l’impression d’avoir assisté à la naissance d’une grande cinéaste de l’intime.

Joséphine Leroy, TROISCOULEURS

BANDE ANNONCE - LE RAVISSEMENT