Notre sélection s’intéresse également à deux cinéastes moins connus du grand public, qui ont foulé la Croisette après avoir fait face à la censure dans leurs pays respectifs. Comme “L’oiseau d’Argile“ (2001) de Tareque Masud, interdit au Bangladesh et en Inde pour avoir osé critiquer le séparatisme religieux. Et les films “Un été inoubliable“ (1994) et “Trop tard“ (1996) du cinéaste roumain Lucian Pintilie, exilé en France pendant plus de 15 ans à la suite de l’interdiction de son film “Reconstitution“ (1968), qui dénonçait la propagande communiste de l’époque.

Au-delà de ces auteurs récidivistes dont les films ont pu trouver refuge à Cannes, nous avons également choisi de mettre en avant d’autres cinéastes engagés. Leurs films, qui s’attaquent à des problèmes politiques et sociaux de leur époque, ont fait souffler un vent de révolte sur la Croisette. Ces œuvres cartographient des zones du globe très variées à travers plusieurs décennies. Le poing levé, elles nous font voyager dans la Russie totalitaire de Poutine avec “House Arrest“ (2021) d’Aleksei German, sur la lutte solitaire d’un professeur de lettres face à la corruption institutionnelle. Et dans la Corée du Nord de la fin des années 1950, avec “Napalm“ (2017) de Claude Lanzmann, qui dénonce les massacres de la Guerre de Corée à travers une confession personnelle et amoureuse. De son côté, Steve McQueen filme les derniers jours de Bobby Sands, leader de l’IRA, groupe de lutte pour l’indépendance de l’Irlande du Nord, dans “Hunger“ (2008). Laissez-vous porter par le vent de la révolte !

Hugues Porquier, journaliste, mk2 Curiosity