Sur une longue avenue du XVème arrondissement, Jean, le petit frère de Georges, un reporter de guerre en couple avec Anne, une actrice, jette un papier de boulangerie vide sur Maria, une mendiante roumaine. Témoin de cet acte humiliant, Amadou, éducateur musical pour un groupe de sourds-muets, interpelle Jean. Le ton monte rapidement entre les deux jeunes hommes. À partir de cette altercation, on pénètre dans l’intimité de ces personnages d’origines sociales et de nationalités différentes.
Comme à son habitude, Haneke exige du spectateur un visionnage actif. Ici, les séquences sont coupées net – parfois au milieu d’une phrase – par des fondus au noir, comme si l’on zappait avec une télécommande entre les différentes intrigues. Ce dispositif impose un rythme singulier qui force l’attention permanente du spectateur. Dans cette œuvre labyrinthique, le cinéaste autrichien sème une multitude d’informations nécessaires à la compréhension des enjeux. Il laisse au spectateur le soin de recoller lui-même les morceaux, et d’interpréter à sa guise les images qu’on lui donne à voir.
Hugues Porquier