LE FILM DE LA SEMAINE

HADEWIJCH — Bruno Dumont, 2009

Film de la semaine - mk2curiosity

Pour son quatrième long métrage, Bruno Dumont délaisse l’âpreté et la rudesse qui caractérisaient son cinéma depuis son premier film, La Vie de Jésus (1997). Il le délocalise aussi, en investissant pour la première fois – après les étendues désertiques et ensoleillées de Californie, théâtre de l’intense Twentynine Palms (2003) – la capitale, et plus particulièrement les hôtels particuliers surchargés de dorures de la fastueuse Île Saint-Louis.

C’est pourtant d’abord au cœur d’un couvent situé dans le Nord de la France – région de naissance et de prédilection du cinéaste –, que l’on fait connaissance avec la jeune Hadewijch (son nom de baptême, emprunté à Hadewijch d’Anvers, poétesse du XIIIe siècle) juste avant qu’elle ne redevienne Céline, la fille de diplomate parisienne qu’elle était avant son entrée au couvent.

Incarnée par Julie Sokolowski, Hadewijch/Céline est probablement l’un des plus beaux personnages de la filmographie de Bruno Dumont. Cette jeune bourgeoise transie d’une foi extatique, à la limite de l’inconcevable, le cinéaste la filme à grand renfort de gros plans, comme s’il cherchait à tout prix à percer l’insondable mystère de cette foi inconditionnelle.


La réponse, plus simple qu’il n’y paraît, Dumont la trouve du côté de l’amour. C’est en tout cas ce qu’il déclarait dans une interview donnée à TROISCOULEURS en 2009, pour la sortie du film : « Je voulais faire un film d’amour, mais pour moi, l’amour humain a tellement d’écueils [...], que l’amour de Dieu était une façon poétique de l’exprimer. Hadewijch, c’est le pur sentiment amoureux ». On vous laisse méditer là-dessus, et (re)découvrir ce beau film, qui trouve son apogée dans une séquence finale d’une beauté et d’une grâce inégalée.