LE RENDEZ-VOUS KŌJI FUKADA

LE RENDEZ-VOUS KŌJI FUKADA

Présenté en compétition à la Mostra de Venise 2022, “Love Life”de Kōji Fukada sort enfin en salles le 14 juin. Un vrai coup de cœur qu’on a décidé de mettre en avant en lui décernant le tout premier label mk2 Curiosity, inauguré à l’occasion d’une séance en avant-première le 7 juin au mk2 Bibliothèque dans le cadre des Saisons Hanabi - sept films japonais inédits à découvrir en salles. L’occasion rêvée de demander au réalisateur nippon, fan de la Nouvelle Vague, de choisir ses films préférés de notre catalogue. Et de l’écouter parler de son cinéma dans un passionnant entretien vidéo. 
  • L'interview
[ mk2 Curiosity ] Vous êtes l’invité d’honneur de la nouvelle édition des Saisons Hanabi. Qu’est-ce que cela vous fait, d’être désormais considéré en France comme l’un des chefs de file du cinéma japonais contemporain ?

[ Kōji Fukada ] Chef de file, je ne sais pas, c’est peut-être exagéré ! Je suis quadragénaire, et le fait d’être mis en avant tient sans doute à une question de timing. J’ai atteint l’âge où on commence à être davantage mis sur le devant de la scène. Cette invitation me permet de présenter “Love Life” en France, tout en accompagnant des cinéastes de ma génération.

[ mk2.C ] Depuis “Hospitalité”, qui vous a fait connaître en France en 2011, vous avez énormément tourné. Comment tenez-vous la cadence ?

[ K.F ] J’ai eu beaucoup de chance. J’ai été très bien entouré, avec des équipes très motivées. Par ailleurs, je ne me rendais pas compte que je tournais beaucoup, parce que, dans la tradition du cinéma japonais, tourner un film par an n’a rien d’exceptionnel. Les cinéastes japonais que j’admire, comme Yasujirō Ozu ou Kinuyo Tanaka, ont tourné énormément de films, parfois dans des laps de temps très courts. Le système de production japonais encourage cela, puisque lorsque l’on ne tourne pas on n’est tout simplement pas payés ! Ce n’est que depuis que je voyage à l’étranger que j’ai pris conscience que ce rythme était soutenu. Aujourd’hui, je crois être arrivé à un point où je ne sais plus si c’est une bonne chose. Peut-être que je ralentirai la cadence à l’avenir. Pour l’heure, j’écris un nouveau film. Je séjourne en ce moment au nord de la préfecture d’Okayama, une province assez reculée. Je suis dans une toute petite ville. C’est la première fois que je travaille comme ça, en immersion, pour m’imprégner vraiment de la ville, pour savoir comment les gens y vivent.


[ mk2.C ] Quel est le point de départ de ”Love Life” ?

[ K.F ] Ce film est inspiré d’une chanson de variété japonaise d’Akiko Yano, une chanteuse, autrice et compositrice que j’aime beaucoup. Le titre du film est tiré d’un morceau que j’ai découvert quand j’avais 20 ans et qui m’a bouleversé. Akiko Yano n’est pas quelqu’un qui cherche le succès. Elle est connue, mais c’est une musicienne d’une très grande exigence. Ses fans sont des puristes. J’espère que le film sera l’occasion, pour le public français, de la découvrir.


Propos recueillis par Corentin Lê, TROISCOULEURS