Claude Chabrol feat. Georges Simenon : le crossover me fait l’effet d’un choc, quand je vois le film à l’adolescence. Mi-terrifiée, mi-fascinée, je découvre l’errance glauque et embrumée d’une héroïne qui traîne de bar en bar pour noyer son passé. Qui est cette mère indigne, adultère, cette peste chassée par sa famille étriquée et bourgeoise ? Chabrol filme son désespoir comme un long coma éthylique, met à l’épreuve nos sens, maltraite notre morale. Et offre à Marie Trintignant, le regard voilé de larmes et la voix imperturbable, son plus grand rôle. 

Pendant que les enfants terribles de la Nouvelle Vague française descendent dans les rues filmer la jeunesse, une autre révolution cinématographique a lieu au Japon, amorcée par ce deuxième film fou de Nagisa Ōshima. On y suit le destin tragique de petites frappes qui rackettent des automobilistes et font l’amour pour déranger l’ordre traditionnel établi. Chez Ōshima, l’érotisme devient un outil d’anarchie, la révolution politique advient par la rencontre des épidermes. Jean-Luc Godard lui a tout piqué.