INTERVIEW d’Olivier Assayas sur Après mai

mk2 Curiosity : Comment écrit-on un scénario à partir de ses propres souvenirs ?

Olivier Assayas : L’écriture suscite le souvenir. Je n’écris pas les scénarios d’une façon technique, je me laisse porter par l’imaginaire et l’inconscient. Pour Après mai, il y a eu une étape intermédiaire : le livre Une adolescence dans l’après-Mai. Il s’est écoulé sept ans entre les deux, car le fait d’avoir écrit cet essai me laissait en paix avec cette époque-là, de façon immédiate. [...] J’ai écrit vite, c’est un scénario court, concis, dense. Au moment de l’écriture, je le trouvais presque trop dépouillé. Je n’avais pas envie de longues scènes de dialogues mais de concision, de légèreté. Le film a pris sa respiration et son ampleur au tournage, lorsque je me suis rendu compte que ça avait un intérêt de faire dialoguer le destin singulier de quelqu’un et son rapport à la génération.

mk2 Curiosity : Le parcours de Gilles, le héros d’Après mai, est semé d’hésitations…

Olivier Assayas : On devient soi-même quand on sort du groupe, c’est l’histoire de toute jeunesse. Il s’agit pour Gilles de commencer à différer de la tendance dominante de sa génération. Mais dans les années 1970, l’attraction du groupe est beaucoup plus forte, parce qu’on se rassemble autour d’une question fondamentale : comment va-t-on changer le monde ? À la fin, on laisse Gilles à un endroit où il a peut-être vaguement compris comment aborder le cinéma. Après mai a un côté roman d’apprentissage.

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propos recueillis par Laura Tuillier pour TROISCOULEURS

BANDE - ANNONCE - HORS DU TEMPS