TURNING GATE
  • TURNING GATE
  • HONG SANG-SOO
  • “Comme pour Kiarostami, je pense régulièrement aux films de Hong Sang-soo quand je tourne ou que je suis sur le point de, ça me donne de la force, ça m’éclaire, voilà pourquoi j’en regarde souvent. Et comme il y en a toujours des nouveaux mois après mois, c’est pratique. On en visionne toujours un certain nombre avec les collaborateur.ices qui travaillent avec moi, avant de tourner. Comme si on essayait de se brancher sur sa fréquence. Turning Gate est un film d’une période de son travail presque ancestral par rapport à ses films les plus récents. Plus long, tourné en pellicule, avec une profusion de lieux et de personnages. Je suis sidéré par le début du film, par la façon dont on entre dans le vif, de manière si directe avec ce personnage, avec lequel on fait pas à pas connaissance. Un personnage qui ne se ressemble plus, à mesure que le film avance. Il y a aussi cette phrase, comme un mantra, à la fois inquiétante et ironique, qui relance le film à chaque fois qu’elle est prononcée : « même si c’est difficile d’être humain, essayons de ne pas devenir des monstres ».” Thierry de Peretti
GERRY
  • GERRY
  • GUS VAN SANT
  • “Impossible pour moi de ne pas penser encore à Kiarostami encore ou à Hong Sang-soo, cinéastes eux aussi de la déambulation, des retours au point de départ, des brèches spatio-temporelles. La façon dont les notions de début et de fin perdent ici leur sens ou leur valeur symbolique est vertigineuse. La liberté, la pureté du dispositif de mise en scène conçu par Gus Van Sant et par le grand Harris Savides, en même temps que sa sophistication, en fait un film d’une puissance physique qui me sidère.” Thierry de Peretti

Interview de Thierry de Peretti

[...]

mk2 Curiosity : Dans vos films, on ne voit presque jamais la mer. Comment, alors, donner la sensation de l’île ?

Thierry de Peretti : Ce qui « fait île », c’est la conscience qu’en ont celles et ceux qui y vivent, et la somme des récits qui sont les leurs ou qui peuvent en émerger. Mon désir de cinéma vient de là, de parler de la Corse à travers son histoire récente, son peuple, de parler de nous. Pour moi, l’île n’est pas déserte, elle n’est pas un paysage joli pour venir en voyage de noces, elle est le monde. [...]. La beauté qui est liée à la Corse, à sa nature, est douloureuse, elle fait presque mal, c’est difficile de montrer ça.

mk2 Curiosity : L’île, c’est aussi un territoire fermé, d’où l’on ne s’échappe pas ?

Thierry de Peretti : La question de la finitude de l’île et de ce que ça peut générer d’inquiétant ou même d’angoissant, j’ai pu la ressentir à l’adolescence ; c’est en partie ça qui m’a donné envie de partir. [...] J’ai pu ressentir ce qu’il y a d’extrêmement concentré sur l’île et qui renvoie à une certaine solitude. Ici, ça peut être difficile d’échapper à ce qu’il y a d’étroit et d’inamovible dans la mémoire des autres, on peut se dire qu’on ne pourra pas sortir de la place qu’on nous donne. Tout vient et tout part de l’île, rien d’autre n’existe. Pourtant, à l’intérieur de ce territoire fermé, limité, il y a aussi, si on est attentif, de nombreux autres micro territoires puissamment différents les uns des autres. [...]

mk2 Curiosity : Et les autres îles ?

Thierry de Peretti : Il y a deux autres îles auxquelles je pense souvent. Taïwan d’abord. Quand j’ai commencé à vouloir faire du cinéma, j’ai découvert, ébloui, les films de Hou Hsiao-hsien, Les Fleurs de Shanghai, Good Men, Good Women,et aussi les plus contemporains, Millennium Mambo ou Goodbye South, Goodbye. J’avais eu une impression très familière, très forte. Taïwan est aussi une île coincée entre deux cultures, chinoise et japonaise, comme la Corse l’est entre les cultures française et italienne. Taïwan a subi et continue de subir le joug des colonisateurs continentaux. En Corse, la relation politique et historique avec la France n’est pas encore dénouée, elle demeure conflictuelle, promettant un surgissement violent à la moindre occasion. [...]

BANDE-ANNONCE | À SON IMAGE

“ À SON IMAGE ” dans les salles