LE RENDEZ-VOUS SOPHIE LETOURNEUR

Pour fêter la sortie de “Voyages en Italie”, l’impudente et drôle débarque pour deux semaines sur la planète mk2 Curiosity avec plein de surprises. Découvrez un entretien et sa formidable épopée bretonne dans “Le Marin masqué”.

Vos films brouillent constamment la frontière entre documentaire et fiction. Ceux dans lesquels vous choisissez d’incarner vous-même le personnage principal sont-ils les plus autobiographiques ?

D'un côté, on peut dire ça. Mais disons que ceux dans lesquels j'ai fini par décider de jouer moi-même sont une version burlesque, stylisée et décalée de moments de ma vie. Finalement, le film le plus naturaliste et dans le fond le plus proche des moments réellement vécus, c'est sans doute La Vie au Ranch, que j'ai fait avec des acteurs.

Vos personnages et vos récits dégagent une impression de nonchalance. Pour aboutir à ce résultat, on imagine que votre travail doit être au contraire très précis.

Je travaille de façon très obsessionnelle et méticuleuse. Le plus souvent, à partir d'un séquencier basé sur du matériau autobiographique et de la documentation. Jétablis un "planning des repets’" avec Laetitia Goffi qui travaille avec moi sur toutes les étapes du film. Pendant ces repets’ on enregistre des heures d'impro pour chaque séquence, avec parfois plusieurs intervenants pour un même personnage. Tout dépend du dispositif du film. Puis je monte la bande-son de chaque séquence dans lesquels je réécris les dialogues à la virgule près, comme une partition. Parfois, avec les textes définitifs, on part faire la maquette/repérage du film, avec tous les plans, tous les lieux. Une sorte de brouillon du film que je monte et qui me permet de resserrer encore pour avoir une sorte de story board hyper précis.

Comment dirigez-vous vos acteurs pour qu’ils paraissent si naturels ?

Je les dirige de façon très précise, encore plus quand ce ne sont pas eux qui ont fait les "repets’". Pour “Le marin”, “Les coquillettes” ou “La vie au Ranch”, les repets’ ont été faites par les acteurs, donc c'est plus naturel de dire un texte qu'on a soi-même sorti naturellement.